Iphigénie était pour moi un constant sujet d’expérimentation mentale. Je m’observais en cette fille comme en un miroir où mon image se fût imparfaitement réfléchie, et c’était pour moi-même un plaisir perpétuellement renouvelé que de voir à la merveilleuse complexité de mon être s’ajouter encore des nuances et des déformations équivoques. Je tentais de l’instruire dans l’ascétisme raffiné qui consiste non pas à se priver, mais à mépriser les choses de choix dont on fait usage, et de lui faire comprendre combien il est logique qu’on pleure à l’idée de perdre une maîtresse aimée et qu’on demeure insensible pourtant à sa perte effective, par suite d’une singulière combinaison de mélancolie et de volupté.
Mais elle ne participait que mollement à mon labeur d’analyste. Le meilleur usage que je pus tirer d’elle fut de l’attrister parfois, grâce à des affirmations désobligeantes, afin