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Conclusion

La notion de retour ne peut s’appliquer qu’à une partie de ceux qui reviennent en raison de l’ambiguïté de la terminologie et des règles institutionnelles prévalant dans la conservation du droit de citoyenneté suisse. Le retour des émigrés partis de Suisse est fortement corrélé avec différents facteurs, dont les principaux sont les formes que revêt la migration, la capacité de financer le retour et la réinsertion au pays, de même que les circonstances personnelles.

Au départ déjà, les objectifs des migrants du monde préalpin et alpin divergent selon qu’il s’agit d’une émigration temporaire liée au cycle de vie (le service étranger), d’une émigration périodique des ruraux et des urbains avec conservation d’un lieu de domicile et qui vise donc au maintien sur place ou d’une émigration qui vise à l’établissement définitif hors du pays. Mais même dans cette dernière catégorie de migrants formée surtout de ruraux, les différences socio-économiques prévalant au départ déterminent fortement les possibilités de retour: quasi inexistantes pour les migrants de la pauvreté ne possédant rien déjà au départ, plus fortes pour ceux qui partent avec l’argent obtenu de la vente de leurs biens. Les circonstances du départ, départ forcé ou non, influencent aussi le nombre de retours. Mais jusqu’au milieu du XIXe siècle, le retour en Suisse est influencé non seulement par les circonstances personnelles, mais aussi par des règles institutionnelles strictes, notamment en matière de droit de bourgeoisie qui peuvent prévenir le retour. À la fin du XIXe siècle, les formes de l’émigration se modifient: de dominante, l’émigration d’établissement devient minoritaire, aussi en raison de ses avatars. Désormais les départs et les retours sont davantage scandés par les mouvements conjoncturels, et de manière très frappante dans l’entre-deux-guerres. Mais, en fait, même l’objectif d’un retour définitif peut ne pas être atteint. Preuve en est, les cas de personnes qui, revenues au pays, émigrent à nouveau faute d’avoir pu se réintégrer à la société suisse.


Notes

1 W. Bickel, Bevölkerungsgeschichte und Bevölkerungspolitik der Schweiz seit dem Augag des Mittelalters, Zürich 1947, pp. 210-211. L’étude de O. Blättler consacrée à la migration de retour, notamment à celle de l’entre-deux-guerres, est une exception intéressante. Cf. O. Blättler, Die private und volkswirtschaftliche Stellung des schweizerischen Rückwanderers, Diss., Bern 1943, p. 14.

2 Une assertion de O. Blättler qui mériterait d’être fortement nuancée.

3 J. Voegeli, Die Rückkehr der Auslandschweizer, 1917-1945, Mémoire de licence, Université de

Zurich 1979, p. 10 citant O. Blättler (note 1).

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Histoire des Alpes - Storia delle Alpi - Geschichte der Alpen 2009/14