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Un retour qui varie en fonction des formes de l'émigration

Les facteurs déterminants du retour aux XVIIe et XVIIIe siècles ne se différencient pas fortement de ceux prévalant aux XIXe et XXe siècles. Certaines caractéristiques sont récurrentes tout au long de la période étudiée, qu’elles concernent la migration de peuplement, la migration périodique ou temporaire de travail ou de formation, ou la migration viagère.

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les retours sont inexistants lorsque l’objectif de la migration est de s’établir définitivement ailleurs, dans les cas d’émigration contrainte - pour raison de religion (Anabaptistes, Mennonites) - ou peu nombreux, dans les cas d’émigration de peuplement, que l’on estime à plusieurs dizaines de milliers entre la fin de la Guerre de Trente Ans et 1800, principalement vers les Etats germaniques.[21] Même en cas l’échec des objectifs visés par l’émigration, les possibilités de réintégration dans une commune que l’on a quittée étaient si onéreuses jusqu’ au début du XIXe siècle qu’ elles ne permettaient que difficilement à des migrants démunis de retourner au pays.[22] C’est aussi parce que ce type de migration propre aux milieux ruraux et agricoles a été longtemps majoritaire, à l’échelle suisse, encore jusque dans le second tiers du XIXe siècle, que les retours des pays d’outre-mer sont proportionnellement moins nombreux que ce soit d’Amérique du sud ou d’Australie. Cette migration était souvent faite de ruraux pauvres ou appauvris - mais pas toujours comme le montre l’exemple du Tavetsch (Grisons)[23] - partis jusqu’à la fin du XIXe siècle avec l’idée qu’ils ne reviendraient pas au pays. Pour ceux dont l’émigration a été assistée par les communes ou par l’Etat, l’échec au lieu d’immigration, l’absence de moyens pour payer le passage de retour et pour s’établir à nouveau en Suisse rendait le retour difficile, souvent impossible, en dépit de la volonté de retour.[24] L’absence de retours de certains espaces est donc à mettre directement au compte du coût trop élevé du retour et de la trop grande pauvreté des colons émigrés. C’est le cas, en particulier, des ressortissants valaisans, glaronais, et tessinois émigrés en Amérique du Sud. Le constat rétrospectif qu’établit le Conseil fédéral en 1935 confirme les grandes difficultés rencontrées par tous les colons s’établissant sur les colonies agricoles: «Les sociétés suisses de bienfaisance peuvent en dire long sur la misère et le rapatriement de familles malheureuses.»[25]

Toutefois, nous l’avons vu, une minorité d’émigrés partis avec l’intention de s’établir ailleurs revient au pays. Leurs motifs sont souvent liés à un changement dans leurs circonstances personnelles et le retour ne résulte pas seulement de