par les collections exotiques dans l’organisation du cabinet, rejoignant ainsi un autre grand collectionneur qui l’avait précédé en Autriche, l’archiduc Fer- dinand II du Tyrol avec son cabinet de curiosités dans son château d’Ambras. C’est l’étude comparative de la composition du Cabinet de curiosités du châ- teau d’Ambras à Innsbruck en Autriche avec le Cabinet d’histoire naturelle de Grenoble à ses débuts qui nous a permis de déceler, dans l’organisation des collections du cabinet grenoblois, les influences des cabinets de curiosités germaniques.
Les relations entre le Cabinet d’histoire naturelle de Grenoble à la fin du XVIIIe siècle et les «savants allemands» sont nombreuses: si Dominique Vil- lars ne nous a pas donné avec exhaustivité les noms de ces «voyageurs alle- mands» venus visiter le Cabinet d’histoire naturelle de Grenoble, du moins y fait-il allusion dans les introductions historiques présentant le programme de son cours à l’Ecole centrale de Grenoble, montrant ces «hommes des Alpes» œuvrant dans le sillage du naturaliste allemand Abraham Gottlieb Werner et de Johann Gottfried Schreiber, le directeur saxon des Mines du Dauphiné, son élève. Villars cite les noms de Pictet, de Saussure, Gosse et Gaudy ainsi que d’autres «savans de Genève», généralement ses correspondants, qui lui servent de relais en Suisse pour nouer les contacts qu’il souhaite avec les naturalistes germaniques.[5] Certains de ces naturalistes venaient sans doute d’Innsbruck, c’est du moins ce que laissent supposer les écrits de Dominique Villars lorsque celui-ci orthographie phonétiquement le nom de la ville, tel que le prononcent eux-mêmes les Autrichiens (Innspruk), preuve que le nom de cette ville était familier aux naturalistes grenoblois.
Le château d’Ambras abrite aujourd’hui encore les collections du cabinet de curiosités créé au XVIe siècle par l’archiduc Ferdinand II du Tyrol. Mécène et grand collectionneur de la maison des Habsbourg, Ferdinand II était le neveu de Charles Quint, empereur d’Allemagne et roi d’Espagne, et l’oncle de l’empereur Rodolphe II à Prague, le prince des collectionneurs. C’est Ferdinand II qui avait transmis à Rodolphe II son goût de la collection. Considéré comme l’ancêtre des muséums d’histoire naturelle pour les naturalia et les exotica qu’il recèle, le cabinet de curiosités que Ferdinand avait constitué à Ambras, un des exemples de cabinet de curiosités germanique qui nous reste, s’est révélé d’une grande richesse pour l’étude du cabinet d’histoire naturelle de Grenoble à ses débuts. Un rapprochement entre les deux établissements nous a paru digne d’intérêt, tous deux offrant des similitudes dépassant leur seule situation géographique au sein de la chaîne des Alpes.