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DES DERNIERS CHASSEURS-CUEILLEURS AUX PREMIERS PASTEURS-AGRICULTEURS: VERS UNE EXPLOITATION ALTERNÉE ENTRE PLAINE ET MONTAGNE


Pierre Bintz


À la fin de la glaciation würmienne, les Alpes redeviennent attractives pour les hommes qui installent leurs premiers campements dès 13’500 ans av. J.-C.5 environ.[6] À partir de cette période, la documentation devient plus abondante et chronologiquement bien étayée, et la reconstruction des paléoenvironnements mieux maîtrisée. Dans cette présentation nous nous limiterons aux Alpes du Nord françaises qui ont livré près de 150 sites totalisant environ 250 occupations culturelles.

Les hommes connaissent une grande mobilité dans un territoire complètement vierge, mais leurs déplacements n’ont pas tous la même signification. Il y a les migrations à longue distance des hommes mais aussi de leurs idées et de leurs objets, et les déplacements sur des courtes distances liés aux activités d’exploitation des ressources animales, végétales et minérales. Dans cet intervalle de temps qui va de 13’500 à 5000 av. J.-C. environ et qui concerne la période des derniers chasseurs exclusifs aux premiers pasteurs-agriculteurs, se développent deux ensembles culturels qui répondent à des modes de vie différents: le Paléolithique final, englobant les cultures du Magdalénien supérieur et de l’Azilien (ou de l’Épipaléolithique), et le Mésolithique (jusqu’à la néolithisation).

Vers 13’500 av. J.-C., le Magdalénien supérieur diffuse à partir du couloir rhodanien. Premiers occupants de la montagne alpine après la glaciation würmienne, les magdaléniens sont venus exploiter un territoire en cours de repeuplement animal et végétal; il se fait à la faveur d’un réchauffement climatique généralisé comme en témoignent les données paléoenvironnementales très complètes fournies par le site de St.Thibaud dans le massif de la Chartreuse.[7] La circulation des hommes est favorisée par un milieu ouvert (steppe-toundra) et les déplacements sont en grande partie liés aux migrations saisonnières des grands herbivores tels que renne, cheval, bison, qui suivent les axes naturels. À cette activité cynégétique nécessitant des déplacements sur des longues distances s’ajoute une chasse plus locale se développant sur les contreforts des massifs; il concerne un gibier arctico-alpin tel que bouquetin, marmotte, lièvre variable, lagopède, qui y trouve

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BINTZ ET TILLET: MIGRATIONS AUX TEMPS PRÉHISTORIQUES