Page:Labi 1998.djvu/77

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treuse présentent de très grandes similitudes, mais la reconnaissance de ces similitudes n’est-elle pas influencée par le caractère concassé des artefacts? Il est bien évident qu’il ne faut pas rechercher de liens entre les gisements du Vercors et ceux des Préalpes autrichiennes par exemple, les contraintes d’un milieu de très haute altitude auraient obligé les Néandertaliens à utiliser des voies contournant les hautes chaînes et par conséquent à parcourir des distances considérables, non compatibles avec des stratégies saisonnières de mobilité économique. Il est donc prématuré de parler de voies de pénétration en dehors des seules constatations de possibilités et d’impossibilités. Nous ne croyons pas que l’on puisse parler de déplacements au «long cours», la position des gisements sur les marges de l’arc alpin et du Jura laisse plutôt subodorer un déplacement limité aux zones de basse et moyenne montagne proches des plaines et vallées périphériques, comportant les camps de base. Les liens entre gisements des plaines et gisements d’altitude ne peuvent pas être recherchés par la seule analyse typologique.

En effet, la saison et les durées d’occupation, les fonctions des sites, la composition et l’importance des groupes, les contraintes topographiques, les contraintes climatiques et celles liées aux espèces animales chassées entraînent forcément des différences entre sites de plaine et sites de montagne. Cependant, si la composition d’un ensemble typologique lié à une exploitation cynégétique saisonnière d’un milieu contraignant sera appauvrie en nombre de type, cette composition ne reflétera pas forcément non plus les objectifs principaux du groupe pendant le déplacement puisque la hiérarchie des outils dans un ensemble ne sous-entend pas que l’outil principal des chasseurs néandertaliens soit le plus représenté. En effet, dans des gisements correspondant à de courtes haltes de chasse, les outils abandonnés témoignent de l’activité dans le campement, alors que ceux utilisés pour la chasse sont abandonnés - lorsqu’ils sont rendus inutilisables - sur les parcours empruntés pour cette autre activité.

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HISTOIRE DES ALPES - STORIA DELLE ALPI - GESCHICHTE DER ALPEN 1998/3