Page:Freud - La Psychopathologie de la vie quotidienne, 1922, trad. Jankélévitch.djvu/95

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laquelle je donne des soins pour l’aider à se remettre d’une maladie très grave dont elle sort à peine. J’avais passé auprès d’elle des jours et des nuits excessivement pénibles. Je suis heureux de la trouver mieux, et lui décris les charmes du séjour qu’elle va faire à Abbazia, en ajoutant : « Si, comme je l’espère, vous ne quittez pas bientôt le lit. » Ce disant, j’ai évidemment exprimé le désir inconscient d’avoir à soigner cette malade plus longtemps, désir qui est complètement étranger à ma conscience éveillée et qui, s’il se présentait, serait réprimé avec indignation. »

p) Autre exemple (W. Stekel) : « Ma femme veut engager une Française pour les après-midi et, après s’être mise d’accord avec elle sur les conditions, elle veut garder ses certificats. La Française la prie de les lui rendre, en prétextant : « Je cherche encore pour les après-midi, pardon, pour les avant-midi[1]. » Elle avait évidemment l’intention de s’adresser ailleurs, dans l’espoir d’obtenir de meilleures conditions ; ce qu’elle fit d’ailleurs. »

q) Le Dr Stekel raconte qu’il avait à un moment donné en traitement deux patients de Trieste qu’il saluait toujours, en appelant chacun par le nom de l’autre. «Bonjour, Monsieur Peloni », disait-il à Ascoli; « bonjour, Monsieur Ascoli », s’adressait-il à Peloni. Il n’attribua tout d’abord cette confusion à aucun motif profond; il n’y voyait que l’effet de certaines ressemblances entre les deux messieurs. Mais il lui fut facile de se convaincre que cette confusion de noms exprimait une sorte de vantardise, qu’il voulait montrer par là à chacun de ses patients italiens qu’il n’était pas le seul à avoir fait le voyage de Trieste à Vienne, pour se faire soigner par lui, Stekel.

r) Au cours d’une orageuse assemblée générale, le

  1. En français dans le texte.