Page:Freud - La Psychopathologie de la vie quotidienne, 1922, trad. Jankélévitch.djvu/94

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voulait dire : dire : une jolie relation — Sippschaft, mais dans son lapsus elle prononça Lippschaft, au lieu de Liebchaft — liaison. Et en parlant de liaison (sans le vouloir), elle exprima une allusion au flirt que son frère eut autrefois avec la jeune fille de la famille D. et aussi aux bruits défavorables qui, depuis quelque temps, couraient sur le compte de cette dernière, à laquelle on attribuait une liaison.

n) Un jeune homme adresse ces mots à une dame qu’il rencontre dans la rue : « Wenn Sie gestatten, Fräulein, möchte ich Sie gerne begleitdigen. » Il voulait dire : « Si vous permettez, Mademoiselle, je vous accompagnerais volontiers »; mais il a commis un lapsus par contraction, en combinant le mot begleiten (accompagner) avec le mot beleidigen (offenser, manquer de respect). Son désir était évidemment de l’accompagner, mais il craignait de la froisser par son offre. Le fait que ces deux tendances opposées aient trouvé leur expression dans un seul mot, et précisément dans le lapsus que nous venons de citer, prouve que les véritables intentions du jeune homme n’étaient pas tout à fait claires et devaient lui paraître à lui-même offensantes pour cette dame. Mais alors qu’il cherche précisément à lui cacher la manière dont il juge son offre, son inconscient lui joue le mauvais tour de trahir son véritable dessein, ce qui lui attire de la part de la dame cette réponse : « Pour qui me prenez-vous donc, pour me faire une offense pareille (beleidigen) ? » (Communiqué par O. Rank).

o) J’emprunte quelques exemples à un article publié par W. Stekel dans le Berliner Tageblatt du 4 janvier 1904, sous le titre : « Aveux inconscients ».

« L’exemple suivant révèle un coin désagréable dans la région de mes idées inconscientes. Je dois dire tout de suite qu’en tant que médecin je ne songe jamais à l’intérêt pécuniaire mais, ce qui est tout à fait naturel, à l’intérêt du malade. Je me trouve chez une malade à