Page:Freud - La Psychopathologie de la vie quotidienne, 1922, trad. Jankélévitch.djvu/35

From Wikisource
Jump to navigation Jump to search
This page has been proofread.

complètement ce vers d’une poésie qui, d’après ce que vous prétendez, vous est si familière, et avez-vous une idée de la source d’où provient la phrase que vous avez substituée au vers oublié ?

Il était à même de donner l’explication que je lui demandais, mais il était évident qu’il ne le faisait pas très volontiers. — La phrase : maintenant que chaque jour apporte quelque chose de nouveau, ne m’est pas inconnue ; je crois l’avoir employée récemment en parlant de ma clientèle dont l’extension, vous le savez, est pour moi actuellement une source de grande satisfaction. Mais pourquoi ai-je mis cette phrase dans la strophe que je viens de réciter ? Il doit certainement y avoir une raison à cela. Il est évident que la phrase : s’il n’achète pas cher cette faveur, ne m’était pas agréable. Cela se rattache à une demande en mariage qui a été repoussée une première fois, mais que je me propose de renouveler, étant donné que ma situation matérielle s’est améliorée. Je ne puis vous en dire davantage, mais il ne peut certainement pas m’être agréable de penser que, si ma demande est accueillie cette fois, ce sera par simple calcul, de même que c’est par calcul qu’elle a été repoussée ta première fois.

L’explication m’avait paru suffisante, et j’aurais pu, à la rigueur, m’abstenir de demander plus de détails. Je n’en insistai pas moins : Mais comment en êtes-vous venu, d’une façon générale, à introduire votre personne et vos affaires privées dans le texte de la Fiancée de Corinthe ? Y aurait-il dans votre cas une différence de religion, comme entre les fiancés du poème de Goethe ?

(Kommt ein Glaube neu,
wird oft Lieb’ und Treu
wie ein böses Unkraut ausgerauft).

(Une nouvelle foi – arrache comme une mauvaise herbe – amour et fidélité).

Je n’ai pas deviné juste, mais j’ai pu constater à