Page:Freud - La Psychopathologie de la vie quotidienne, 1922, trad. Jankélévitch.djvu/325

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V. Un de mes collègues, possédant une vaste culture philosophique, auquel j’ai eu récemment l’occasion d’exposer quelques exemples d’oubli de noms accompagnés de leur analyse, s’est empressé de me répondre : « C’est très beau; mais chez moi l’oubli de noms se produit autrement. » La réponse est trop facile; je ne crois pas que mon collègue ait jamais songé à faire J’analyse d’un oubli de nom; il ne put d’ailleurs pas me dire comment se produisaient chez lui ces oublis. Mais sa remarque touche à un problème que beaucoup de personnes sont tentées de considérer comme ayant une importance capitale. L’explication des actes manqués et accidentels que nous proposons a-t-elle une portée générale ou ne vaut-elle que pour des cas isolés ? Et, dans ce dernier cas, dans quelles conditions peut-elle être étendue aux phénomènes ayant un mode de production différent? Mon expérience et mes observations personnelles ne me permettent pas de répondre à cette question. Je puis seulement affirmer que les rapports que j’ai établis dans cet ouvrage sont loin d’être rares, car toutes les fois que je les ai recherchés, soit dans des cas me concernant personnellement, soit dans des exemples se rapportant à mes malades, j’ai pu en constater la réalité ou, dans les cas les moins favorables, trouver de bonnes raisons d’admettre cette réalité. Il n’est pas étonnant que l’on ne trouve pas toujours et dans tous les cas le sens caché d’un acte symptomatique, car il faut se rappeler le rôle décisif que jouent souvent les résistances intérieures qui, selon la force et l’intensité qu’elles possèdent, s’opposent plus ou moins à la solution du problème recherchée par l’analyse. Il n’est pas davantage