Page:Freud - La Psychopathologie de la vie quotidienne, 1922, trad. Jankélévitch.djvu/324

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vie de cette jeune fille et que cette attente n’a jamais été consciente, ou bien a subi un refoulement énergique a la suite de l’heureuse issue de la maladie. Dans le cas contraire (si son frère était mort), elle aurait été obligée de mettre une autre robe, et notamment une robe de deuil. Elle retrouve chez ses amies une situation analogue : un frère unique, en danger de mort (il est d’ailleurs mort peu après). Elle aurait dû se souvenir consciemment qu’elle s’était trouvée elle-même dans cette situation quelque mois auparavant; niais empêchée d’évoquer ce souvenir, parce qu’il était refoulé, elle a transféré sa sensation de souvenir à la maison et an jardin, ce qui lui fit éprouver un sentiment de « fausse reconnaissance », l’illusion d’avoir déjà vu tout cela. Nous pouvons conclure du fait du refoulement que l’attente où elle se trouvait à l’époque de voir son frère mourir avait presque le caractère d’un désir capricieux : elle serait alors restée l’enfant unique. Au cours de la névrose dont elle fut atteinte ultérieurement elle était obsédée de la façon la plus intense par la crainte de voir ses parents mourir, crainte derrière laquelle l’analyse a pu, comme toujours, découvrir un désir inconscient ayant le même contenu.

En ce qui concerne les quelques rares et rapides sensations de « déjà vu » que j’ai éprouvées moi-même, j’ai toujours réussi à leur assigner pour origine les constellations affectives du moment. « Il s’agissait chaque fois du réveil de conceptions et de projets imaginaires (inconnus et inconscients) qui correspondait, chez moi, au désir d’obtenir une amélioration de ma situation 99. »