Page:Freud - La Psychopathologie de la vie quotidienne, 1922, trad. Jankélévitch.djvu/305

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plus chaud de l’été, la température était montée à 986º Fahrenheit, exagération manifestement grotesque de la température réelle, qui était de 98º6. Pendant cette conversation, nous étions assis devant la cheminée où brûlait un bon feu; mon interlocuteur ayant trop chaud, s’est reculé et a dit, probablement avec raison, que c’est la forte chaleur de la cheminée qui lui avait rappelé ce souvenir. Mais cette explication ne me satisfit pas et je voulus savoir pourquoi ce souvenir s’était si longtemps conservé dans sa mémoire. Il me raconta que cette plaisanterie l’avait fait rire follement et qu’elle l’amuse beaucoup toutes les fois qu’il y pense. Comme je ne trouvais rien d’extraordinaire cependant à cette plaisanterie, je voulais d’autant plus savoir si elle ne dissimulait pas un sens dont mon sujet n’avait pas conscience. Son idée suivante fut que la représentation de la chaleur éveillait en lui une foule d’autres représentations, très importantes: la chaleur est la chose la plus importante du monde, la source de toute vie, etc. Un romantisme pareil chez un jeune homme très positif ne manqua pas de m’étonner quelque peu. Je le priai donc de poursuivre ses associations. Il pensa à la cheminée d’usine qu’il voyait de sa chambre. Il regardait souvent le soir la fumée et la flamme qui s’en dégageaient et pensait à ce propos au gaspillage d’énergie regrettable. Chaleur, flamme, gaspillage d’énergie à travers un long tuyau creux : il n’était pas difficile de conclure de ces associations que les représentations de chaleur et de flamme se rattachaient chez lui à celle de l’amour, ainsi que cela arrive souvent dans la pensée symbolique, et que c’était un fort complexe de masturbation qui avait motivé le nombre qu’il avait énoncé. Il ne lui resta alors qu’à confirmer les déductions. »

Ceux qui veulent avoir une idée de la manière dont les matériaux fournis par les nombres sont élaborés dans la pensée inconsciente, liront avec profit l’article de C. G. Jung: « Ein Beitrag zur Kenntniss des Zahlentraumes »Zentralbl.