Page:Freud - La Psychopathologie de la vie quotidienne, 1922, trad. Jankélévitch.djvu/303

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ennemis. Enfant, je priais Dieu tous les soirs de me débarrasser de ces deux tortionnaires. On dirait que je m’accorde moi-même la satisfaction désirée, en omettant dans mon nombre les chiffres 3 et 5, c’est-à-dire en ne mentionnant pas le méchant frère et la sœur détestée. – Puisque ce nombre désigne vos frères et sœurs, que signifie le 18 qui se trouve à la fin? Vous n’étiez bien que 7. – Je me suis souvent dit que si mon père avait vécu plus longtemps, je ne serais pas resté le dernier. S’il avait eu 1 enfant de plus, nous aurions été 8, et j’aurais eu après moi un enfant plus jeune à l’égard duquel j’aurais joué le rôle d’aîné. »

La signification de ce nombre se trouvait ainsi élucidée, mais il nous restait encore à établir un lien entre la première partie de l’interprétation et les suivantes. Or, ce lien découlait de la condition même formulée à propos des derniers chiffres : « si le père avait vécu plus longtemps, 42 = 6 x 7 » exprime le mépris pour les médecins qui ont été incapables de sauver le père et, en même temps, le regret que le père n’ait pas vécu plus longtemps. Le nombre, dans son ensemble, correspondait à la réalisation de ses désirs infantiles en rapport avec sa famille : le souhait de mort à l’égard de la méchante sœur et du méchant frère et le regret de n’avoir pas un frère ou une sœur plus jeune que lui. Ces deux désirs peuvent être brièvement exprimés ainsi : « Si les deux autres étaient morts à la place du père aimé! 91 »

Voici un petit exemple fourni par un de mes nombreux correspondants. Un directeur des télégraphes m’écrit de L. que son fils, âgé de 18 ans et demi et se destinant à la médecine, s’occupe dès à présent de la psychopathologie de la vie quotidienne et cherche à persuader ses parents de l’exactitude de mes propositions