Page:Freud - La Psychopathologie de la vie quotidienne, 1922, trad. Jankélévitch.djvu/206

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me reprochait soi-disant d’aller « trop loin », de vouloir « voler trop haut 73 ».

c) Sur mon bureau se trouvent déposés, toujours à la même place depuis des années et l’un à côté de l’autre, un marteau à réflexes et un diapason. Un jour je devais prendre, aussitôt la consultation terminée, un train de banlieue; très pressé de sortir, afin de ne pas manquer mon train, je glisse dans la poche de mon pardessus le diapason, à la place du marteau que je voulais emporter. Mis en éveil par le poids, je m’aperçois immédiatement de mon erreur. Celui qui n’a pas l’habitude de réfléchir sur les petits incidents de ce genre, dira sans doute que la hâte avec laquelle je faisais mes préparatifs explique et excuse mon erreur. Quant à moi, j’ai vu dans cette confusion entre le diapason et le marteau un problème que je me suis appliqué à résoudre. Ma précipitation était une raison tout à fait suffisante pour m’épargner mon erreur et, avec elle, une perte de temps.

Quel est donc celui qui s’est le dernier saisi du diapason? Telle est la première question que je me pose. Ce fut, il y a quelques jours, un enfant idiot, dont j’examinais l’attention aux impressions sensorielles et qui fut tellement captivé par le diapason que je ne pus que difficilement le lui arracher des mains. S’ensuivrait-il que je sois, moi aussi, un idiot? Il semblerait, car la première idée qui me vient à l’esprit à propos de « marteau » (Hammer) est : Chamer «( âne » en hébreu).

Mais que signifie cette injure? Examinons un peu la situation. Je suis pressé d’aller voir une malade habitant la ’banlieue ouest et qui, d’après ce qui m’a été communiqué par lettre, a fait, il y a quelques mois, une chute de son balcon et se trouve depuis lors dans l’impossibilité de marcher. Le médecin qui m’appelle