Page:Freud - La Psychopathologie de la vie quotidienne, 1922, trad. Jankélévitch.djvu/152

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donnai comme nom d’auteur :«Dr Édouard Hartmann. » Le libraire me corrigea : « vous voulez dire Hitschmann », et m’apporta le livre.

Le motif inconscient de mon erreur était évident. Je me faisais jusqu’à un certain point un mérite d’avoir conçu un exposé synthétique des théories psychanalytiques, et le livre de Hitschmann, qui me semblait de nature à diminuer mon mérite, m’inspirait de la jalousie et de la contrariété. La déformation du nom est une expression d’hostilité interne, me suis-je dit, d’après la Psychopathologie de la vie quotidienne. Et cette explication m’avait suffi sur le moment.

« Quelques semaines plus tard, je revins sur cet acte manqué. A cette occasion, je me suis demandé pourquoi j’avais transformé Édouard Hitschmann en Édouard Hartmann. Était-ce à cause de la simple ressemblance avec le nom du célèbre philosophe ? Ma première association fut le souvenir d’un jugement que j’avais entendu formuler un jour par le professeur Hugo Metzl, un partisan enthousiaste de Schopenhauer: « Édouard Y. Hartmann n’est qu’un Schopenhauer défiguré, retourné.» La tendance affective qui a déterminé chez moi la substitution du nom de Hartmann au nom oublié de Hitschmann fut donc la suivante : « Oh, ce Hitschmann et son exposé synthétique ne valent pas bien cher; il est à Freud ce que Hartmann est à Schopenhauer. »

« J’ai noté ce cas d’oubli déterminé, ainsi que l’idée de substitution qui m’a suggéré à la place du vrai nom un nom n’ayant avec celui-ci aucun rapport apparent.

« Six mois plus tard, ayant l’occasion de revoir la feuille sur laquelle j’avais consigné ce cas, je constate que j’ai écrit partout Hintschmann, au lieu de Hitschmann. »

d) Voici un cas de lapsus calami beaucoup plus sérieux et qui pourrait tout aussi bien être rangé parmi les « méprises ». J’ai l’intention de retirer de