Page:Freud - La Psychopathologie de la vie quotidienne, 1922, trad. Jankélévitch.djvu/139

From Wikisource
Jump to navigation Jump to search
This page has not been proofread.

journal qui parlait des moyens de transport singuliers que les gens choisissaient pour se rendre à l’exposition universelle de Paris et qui, pour autant que je me le rappelle, racontait en plaisantant qu’un monsieur avait l’intention de se faire rouler dans un tonneau jusqu’à Paris par un camarade ou ami complaisant. Il va sans dire que ces gens ne cherchaient qu’à se faire remarquer par leurs excentricités. Hermann Zeitung était en effet le nom de celui qui a donné le premier exemple de ces modes de voyage extraordinaires. Je me suis rappelé alors que j’avais eu autrefois un patient auquel les journaux inspiraient une angoisse morbide, par réaction contre l’ambition morbide qu’il avait de voir son nom imprimé et célébré dans les journaux. Alexandre de Macédoine était certainement l’homme le plus ambitieux qui ait jamais existé. Il se plaignait de ne pas trouver un Homère capable de chanter ses exploits. Mais comment pouvais-je ne pas me rappeler qu’un autre Alexandre m’était beaucoup plus proche, puisque mon frère cadet s’appelait Alexandre! Et aussitôt le nom de mon frère évoqua en moi l’idée choquante qui y était associée et que je m’efforçais de réprimer, et en même temps que cette idée, le souvenir de l’occasion qui l’avait fait naître. Mon frère est expert en matière de tarifs et de transports et il devait même, à un moment donné, être promu professeur dans une école supérieure de commerce. J’étais proposé, depuis plusieurs années, pour la même promotion universitaire, sans pouvoir l’obtenir 42. Notre mère avait alors exprimé sa mauvaise humeur devant l’éventualité de voir le plus jeune de ses fils arriver au professorat avant l’aîné. Telle était la situation à l’époque où je ne pouvais trouver la solution de mon erreur de lecture. Depuis, les chances de mon frère d’accéder au professorat