Page:Freud - La Psychopathologie de la vie quotidienne, 1922, trad. Jankélévitch.djvu/117

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Un photographe qui s’était juré, dans ses rapports avec ses employés maladroits, d’éviter les termes empruntés à la zoologie, dit à un apprenti qui, voulant vider un grand vase plein, répand la moitié de son contenu à terre : « Dites donc, l’ homme, vous auriez dû commencer par transvaser un peu de liquide. » Seulement, au lieu d’employer le mot correct : schöpfen (transvaser), il a lâché le mot schäfsen (de Schaf - mouton). Et aussitôt après il dit à une de ses employées qui, par inadvertance, a détérioré une douzaine de plaques assez chères : « On dirait que vous avez les cornes brûlées (Hornverbrannt). » Il voulait dire : « les mains brûlées » (Handverbrannt).

Dans l’exemple suivant nous avons un excellent cas d’aveu involontaire par lapsus. Certaines des circonstances qui l’ont accompagné justifient sa reproduction complète d’après la communication publiée par M. A. A. Brill dans Zentralbl. f. Psychoanalyse (2ͤ année, 1)[1].

« Je me promène un soir avec le Drͤ Frink, et nous nous entretenons des affaires de la Société Psychanalytique de New York. Nous rencontrons un collègue, le Drͤ R., que je n’ai pas vu depuis des années et dont j’ignore totalement la vie privée. Nous sommes très contents, l’un et l’autre, de nous retrouver, et nous nous rendons, sur ma proposition, dans un café où nous passons deux heures dans une conversation animée. R. paraissait être au courant de ma vie, car, après les salutations d’usage, il me demande des nouvelles de mon enfant et ajoute qu’il a souvent de mes nouvelles par un ami commun et qu’il s’intéresse à ce que je fais, depuis qu’il a été mis au courant de mes travaux par les journaux médicaux. À ma question s’il est marié, il répond négativement et ajoute : « Pourquoi voulez-vous qu’un homme comme moi se marie ? »

« Au moment de quitter le café, il s’adresse brus-

  1. Attribué par erreur à E.Jones.