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qui, à certaines périodes, explique le faible taux d’émigration définitive de certaines populations montagnardes, vers l’outre-mer ou ailleurs. C’est ce type de migration de maintien qui permet de limiter l’émigration définitive et favorise les retours. Par ses apports à l’économie familiale, l’émigration périodique remédie aux insuffisances de l’économie familiale surtout, voire se substitue à l’exploitation familiale micro-fondiaire non viable.[31] Mais ce type d’émigration dépend de la demande urbaine, des marchés tant suisses qu’étrangers, et lorsque celle-ci se modifie fortement après la Première Guerre mondiale, à l’exception de quelques secteurs, comme celui de la construction, il perd une partie de son importance.


Un aspect trop négligé: les départs dans un contexte de contrainte qui préviennent le retour, et son pendant: les rapatriements forcés


Si le nombre de retours varie fortement en fonction des périodes, des espaces d’immigration, des modalités de la migration, de la mortalité, du profil des migrants (origine socio-économique, sexe, état civil, âge, etc.), ces différentes variables ne sont pas suffisantes pour expliquer la faible proportion de retours dans certaines régions élevées de Suisse pour les générations nées jusqu’au milieu du XIXe siècle. D’autres facteurs rendent le retour impossible, notamment ceux qui résultent des circonstances ayant prévalu au départ. Pendant plusieurs décennies, pour bon nombre de migrants, l’émigration n’a pas été voulue, mais imposée par les institutions étatiques, ce qui a réduit fortement les possibilités de retour. Les deux formes d’intervention les plus courantes ont été l’engagement forcé au service étranger et l’expédition outre-atlantique des personnes indésirables ou des pauvres assistés par la commune. Les premières traces d’une politique systématique de l’Etat visant à se débarrasser de ses citoyens jugés indésirables se constatent en Suisse centrale au XVIIIe siècle.

Pour bon nombre d’hommes condamnés par les Tribunaux cantonaux, la sanction est l’engagement forcé au service étranger pendant plusieurs années, sans possibilité de retour. Le second type d’émigration contrainte est celui imposé par la commune qui finance le voyage pour se débarrasser de ses citoyens qui émargent au budget communal ou dont le comportement laisse à désirer. Ce type de migration a souvent été une migration de groupe, mais pas uniquement. Elle est caractérisée par un désintérêt de la commune pour le sort des migrants une fois qu’ils sont partis; leur sort est inconnu, et il n’est donc

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Histoire des Alpes - Storia delle Alpi - Geschichte der Alpen 2009/14