Page:Labi 1998.djvu/225

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mutation des activités migratoires comparable à ce qui se passe à la même époque au Briançonnais? Dans ces vallées alpines, les peigneurs sont aussi très nombreux au 17e et au début du 18e siècle, puis diminuent après 1740, alors que les voituriers et les régents se multiplient.[27] La question n’est pas encore résolue.

Des habitants du Haut Jura neuchâtelois quittent aussi leurs terres au 18e siècle; il s’agit souvent de maçons ou de charpentiers du Val-de-Travers qui «partent tous les printemps, vont travailler à Genève et dans le Pays de Vaud, et reviennent passer l’hiver dans le sein de leurs familles».[28] Dans d’autres régions de la principauté de Neuchâtel et Valangin pourtant, l’immigration a commencé à se développer dès les premières décennies du 18e siècle et s’accélère après 1750. «Les croissances les plus fortes s’observent au Locle, à la Chaux-de-Fonds et à Cortaillod.» Les montagnards des deux premiers villages pratiquent l’horlogerie, tandis les habitants de Cortaillod, sur le littoral, sont embauchés dans les manufactures d’indiennes. Cette croissance de l’immigration s’explique «par l’arrivée d’ouvriers étrangers attirés par les nouvelles activités industrielles, mais aussi par l’intérêt que les Neuchâtelois portaient à l’horlogerie, délaissant progressivement l’exploitation de la terre, surtout en altitude, et remplacés par des fermiers ou des domestiques étrangers, surtout bernois, rapidement majoritaires dans certaines zones. <On engage des étrangers pour les travaux des champs, car aucun indigène ne voudrait servir ou travailler comme journalier, notait un voyageur en 1773.»[29] Comme les Tessinois et les Savoyards, les montagnards neuchâtelois engagent donc des fermiers ou des domestiques agricoles étrangers. Ici cependant, ce n’est pas pour les remplacer pendant qu’ils quittent le pays mais pour faire le travail auquel ils ne peuvent ou ne veulent plus se consacrer maintenant que la fabrication des montres ou des dentelles leur procure des revenus plus importants que ceux de l’élevage ou de la culture des champs.


LIEUX DE PASSAGE

On peut cerner de plus près l’importance des mobilités en plaine en se situant non plus dans des régions de départ, mais en un lieu de passage. Des listes de passeports visés permettent en effet de savoir qui sont les voyageurs qui transitent en un lieu donné. Les préfets de la République helvétique

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DES MONTAGNARDS SÉDENTAIRES RADEFF: MONTAGNES, PLAT PAYS ET «REMUES D'HOMMES»»