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pour les Allobroges du Dauphiné et de la Savoie.[4] La conquête et la soumission progressive de leurs voisins Voconces et Allobroges n’eurent aucune conséquence immédiate pour les peuples alpins. Pendant la première moitié du dernier siècle de la République, les Romains, qui étaient fermement établis sur presque tout le pourtour de la Méditerranée, n’ont pas attaché d’importance à la possession des cols alpins et les habitants des vallées conservèrent leur pleine indépendance. Tout changea avec la conquête des Trois Gaules par César, car l’occupation des cols des Alpes devint une nécessité pour permettre des relations aisées avec l’Italie. Longue et difficile, la prise de possession du massif alpin a été réalisée en plusieurs temps.

En 58 avant J.-C., les Ceutrons de la Tarentaise, qui s’opposaient au passage de César, furent battus par le futur conquérant des Trois Gaules,[5] puis annexés sans violence, à une date indéterminée, par Auguste. La même année 58 avant J.-C, Donnus, le dynaste des Alpes Cottiennes, dont les possessions s’étendaient sur les deux versants de la chaîne (val de Suse, Briançonnais ...), avait conclu un accord avec César,[6] ce qui lui assura une certaine autonomie jusqu’à l’annexion de son territoire par Néron.[7] Le pays des Salasses (val d’Aoste) fut conquis en 25 avant J.-C.[8] par Aulus Terentius Varro Messala, un général d’Auguste. En 15 avant J.-C., les habitants du Valais, qui avaient tenu César en échec, furent vaincus[9] par Drusus et Tibère, enfin, dans l’été 14 avant J.-C., ce fut le tour des tribus des Alpes Maritimes.[10] Après la conquête, le val d’Aoste fut rattaché à l’Italie, tandis que les autres régions des Alpes occidentales relevèrent de cinq provinces: la Gaule Narbonnaise (Allobroges/Viennois, Voconces), les Alpes Graies/Atréctiennes (Ceutrons), les Alpes Poenines (Valais), les Alpes Cottiennes et les Alpes Maritimes.

Sillonnées par un réseau très dense de routes et de pistes, franchies par de nombreux cols, les Alpes n’étaient absolument pas une barrière à l’époque antique. Pourtant, la conquête gauloise du 5e siècle avant J.-C. n’avait guère modifié le mode de vie des habitants des vallées alpines, car les tribus celtiques n’avaient pas cherché à s’implanter dans le cœur des massifs. Il est donc intéressant de voir s’il en est allé autrement à l’époque impériale et si des hommes étrangers à la région sont venus vivre volontairement dans un milieu réputé difficile, voire hostile.[11]

Je n’ai évidemment pas pris en compte dans cette recherche les soldats, sauf lorsqu’ils ont pris leur retraite dans les Alpes (texte n° 1), les gouverneurs et les autres administrateurs (libres, affranchis, esclaves) qui ont été affectés

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HISTOIRE DES ALPES - STORIA DELLE ALPI - GESCHICHTE DER ALPEN 1998/3