Page:Freud - La Psychopathologie de la vie quotidienne, 1922, trad. Jankélévitch.djvu/62

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que ce symptôme lui servait à faire ressortir son ignorance. Or, cette insistance sur son ignorance était une forme de reproche qu’elle adressait à ses parents pour n’avoir pas voulu lui donner une instruction supérieure. Son idée fixe de nettoyage (psychose de maîtresse de maison) provient en partie de la même source. Elle a l’air de dire ainsi à ses parents : « Vous n’avez fait de moi qu’une femme de chambre. »

Je pourrais multiplier les exemples d’oublis de noms et en approfondir la discussion ; mais je préfère ne pas aborder, à propos d’une seule question, la plupart des points de vue que nous aurons à envisager par la suite, en rapport avec d’autres questions. Qu’il me soit cependant permis de résumer en quelques propositions les résultats des analyses citées :

Le mécanisme de l’oubli de noms (ou, plus exactement, de l’oubli passager de noms) consiste dans l’obstacle qu’oppose à la reproduction voulue du nom, un enchaînement d’idées étrangères à ce nom et inconscientes. Entre le nom troublé et le complexe perturbateur il peut y avoir soit un rapport préexistant, soit un rapport qui s’établit, selon des voies apparemment artificielles, à la faveur d’associations superficielles (extérieures).

Les plus efficaces, parmi les complexes perturbateurs, sont ceux qui impliquent des rapports personnels, familiaux, professionnels.

Un nom qui, grâce à ses multiples sens, appartient à plusieurs ensembles d’idées (complexes), ne peut souvent entrer que difficilement en rapport avec un ensemble d’idées donné, car il en est empêché par le fait qu’il participe d’un autre complexe, plus fort.

Parmi les causes de ces troubles, on note en premier lieu et avec le plus de netteté le désir d’éviter un sentiment désagréable ou pénible que tel souvenir donné est susceptible de provoquer.