Page:Freud - La Psychopathologie de la vie quotidienne, 1922, trad. Jankélévitch.djvu/60

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gent, devenu plus tard marchand de vins, était bien un âne, mais Erdmann est un âne plus grand encore, sans comparaison possible avec Lindeman. Ces discours méprisants ou railleurs, prononcés dans l’inconscient, sont très fréquents ; aussi crus-je pouvoir affirmer que la cause principale de l’oubli du nom était trouvée.

Je demandai alors à quelle poésie étaient empruntés les vers cités. Z. répondit qu’ils faisaient partie d’un poème de Gœthe qui, croyait-il, commençait ainsi :

 « Edel sei der Mensch,
Hilfreich und gut ! »

(Que l’homme soit noble, secourable et bon !)

et il ajouta qu’on y trouvait aussi les vers suivants :

 « Und hebt er sich aufwärts,
So spielen mit ihm die Winde. »

(Et lorsqu’il se redresse, Les vents jouent avec lui.)

Le lendemain, j’ai cherché ce poème de Gœthe, et j’ai pu constater que le cas était beaucoup plus intéressant (mais aussi plus compliqué) qu’il ne l’avait paru au premier abord.

a) Les deux premiers vers cités (voir plus haut) étaient ainsi conçus :

« Steht er mit festen
Markigen (pleines de sève ; et non gefügigen) Knochen »…

« Jambes souples » était une combinaison quelque peu singulière ; mais je ne m’arrêterai pas là-dessus.

b) Et voici les vers suivants de cette strophe.

 « Auf der wohlbegründeten
Dauernden Erde,
Reicht er nicht auf ;
Nur mit der Eiche
Oder der Rebe
Sich zu vergleichen. »

(Sur la terre solide et durable, il n’arrive pas à se comparer au chêne ou à la vigne.)