Page:Freud - La Psychopathologie de la vie quotidienne, 1922, trad. Jankélévitch.djvu/57

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oublie l’équivalent anglais du mot or, alors que ce métal est désigné par le même mot (Gold) en anglais et en allemand.

p) Hanns Sachs :

« Dans une pension de famille, un jeune homme fait la connaissance d’une Anglaise qui lui plaît. S’entretenant avec elle le premier soir dans sa langue maternelle (c’est-à-dire en anglais) qu’il possède assez bien et voulant prononcer en anglais le mot or, il ne parvient pas, malgré tous ses efforts, à trouver le vocable nécessaire. A la place du mot exact, il trouve le mot français or, le mot latin aurum, le mot grec chrysos qui se présentent d’une façon tellement obsédante qu’il arrive difficilement à les écarter, alors qu’il sait fort bien qu’ils n’ont rien de commun avec le mot qu’il cherche. Il ne trouve finalement pas d’autre moyen de se faire comprendre que de toucher la bague en or que la dame porte à l’un de ses doigts; et il apprend, à sa confusion, que le mot anglais qu’il cherche depuis si longtemps est en tous points identique au mot allemand désignant le même objet : gold. La signification de cet attouchement provoqué par l’oubli doit être cherchée, non seulement dans le désir qu’ont tous les amoureux de se sentir en contact direct avec la personne aimée, mais aussi dans le fait qu’il nous renseigne sur les éventuelles intentions matrimoniales de notre jeune homme. L’inconscient de la dame, surtout s’il est disposé sympathiquement: à l’égard du partenaire, peut avoir deviné ses intentions érotiques dissimulées derrière le masque inoffensif de l’oubli; et la manière dont elle aura accepté et expliqué l’attouchement, peut fournir aux deux partenaires un moyen inconscient, mais très significatif, de prévoir l’issue du fin commencé. »