Page:Freud - La Psychopathologie de la vie quotidienne, 1922, trad. Jankélévitch.djvu/46

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h) Dans le cas suivant, communiqué par M. Ferenczi et dont l’analyse est surtout instructive par l’explication des substitutions (comme Botticelli-Boltraffio, à la place de Signorelli), le « rapport personnel » a provoqué l’oubli d’un nom par une voie quelque peu différente.

« Une dame, ayant un peu entendu parler de psychanalyse, ne peut se rappeler le nom du psychiatre Jung.

« À la place de ce nom se présentent les substitutions suivantes : KI. (un nom) — WildeNietzscheHauptmann.

« À propos de KI. elle pense aussitôt à madame KI., qui est une personne affectée, parée, mais paraissant plus jeune qu’elle n’est en réalité. Elle ne vieillit pas. Comme notion supérieure, commune à Wilde et à Nietzsche, elle donne « maladie mentale ». Elle dit ensuite d’un ton railleur : « vous autres Freudiens, vous cherchez les causes des maladies mentales, jusqu’à ce que vous deveniez vous-mêmes mentalement malades ». Et puis : « Je ne supporte pas Wilde et Nietzsche ; je ne les comprends pas. Je me suis laissé dire qu’ils étaient l’un et l’autre homosexuels. Wilde avait un faible pour les jeunes gens » (Bien qu’elle ait prononcé dans cette dernière phrase, en hongrois il est vrai, le nom correct[1], elle est toujours incapable de s’en souvenir).

« À propos de Hauptmann, elle pense à Halbe[2], puis à Jeunesse[3], et alors seulement, après que j’aie orienté son attention vers le mot « Jeunesse », elle s’aperçoit que c’est le nom Jung qu’elle cherchait.

« D’ailleurs, cette dame ayant perdu son mari, lorsqu’elle avait 39 ans, et ayant renoncé à tout espoir

  1. La dame en question cherchait le nom du psychiâtre Jung ; or Jung, en allemand, signifie jeune. N. du T.
  2. Halbe — auteur dramatique allemand, comme Hauptmann. N. du T.
  3. « Jeunesse » est le titre de l’un des ouvrages de Halbe. N. du T.