Page:Freud - La Psychopathologie de la vie quotidienne, 1922, trad. Jankélévitch.djvu/310

From Wikisource
Jump to navigation Jump to search
This page has not been proofread.

avoir remarqué qu’elle ne se manifeste pas dans les grandes et importantes décisions; dans ces occasions, on éprouve plutôt le sentiment d’une contrainte psychique, et on en convient : « J’en suis là; je ne puis faire autrement ». Lorsqu’il s’agit, au contraire, de résolutions insignifiantes, indifférentes, on affirme volontiers qu’on aurait pu tout aussi bien se décider autrement, qu’on a agi librement, qu’on a accompli un acte de volonté non motivé. Nos analyses ont montré qu’il n’est pas nécessaire de contester la légitimité de la conviction concernant l’existence du libre-arbitre. La distinction entre la motivation consciente et la motivation inconsciente une fois établie, notre conviction nous apprend seulement que la motivation consciente ne s’étend pas à toutes nos décisions motrices. Minima non eurat praetor. Mais ce qui reste ainsi non motivé d’un côté, reçoit ses motifs d’une autre source, de l’inconscient, et il en résulte que le déterminisme psychique apparaît sans solution de continuité 95.

III. Bien que la connaissance de la motivation des actes manqués dont nous nous sommes occupés échappe ainsi à la pensée consciente, il serait souhaitable de découvrir une preuve psychologique de l’existence de cette motivation. Et même, une connaissance plus approfondie de l’inconscient nous autorise à admettre