Page:Freud - La Psychopathologie de la vie quotidienne, 1922, trad. Jankélévitch.djvu/253

From Wikisource
Jump to navigation Jump to search
This page has not been proofread.

Aux travaux très intéressants de A. Maeder, publiés en français 85, j’emprunte l’observation suivante, qui d’ailleurs pourrait tout aussi bien figurer dans le chapitre sur les Oublis :

« Une dame nous racontait récemment qu’elle avait oublié d’essayer sa robe de mariage et s’en souvint la veille du mariage à huit heures du soir, alors que la couturière désespérait de voir sa cliente. Ce détail suffit à montrer que la fiancée ne se sentait pas très heureuse de porter une robe d’épousée, qu’elle cherchait à oublier cette idée pénible. Elle est aujourd’hui... divorcée. »

Un de mes amis, qui sait observer et interpréter les signes, m’a raconté que la grande tragédienne Eleonora Duse accomplit dans un de ses rôles un acte symptomatique qui montre bien toute la profondeur de son jeu. Il s’agit d’un drame d’adultère : elle vient d’avoir une explication avec son mari et se trouve plongée dans ses pensées, tandis que le séducteur s’approche d’elle. Pendant ce bref intervalle elle joue avec l’alliance qu’elle porte au doigt : elle l’enlève, la remet et l’enlève de nouveau. La voilà prête à tomber dans les bras de l’autre.

A cela se rattache ce que Th. Reik (Internat. Zeitschr.f Psychoanalyse, III, 1915) raconte au sujet d’autres actes symptomatiques portant sur l’alliance :

« Nous connaissons les actes symptomatiques accomplis par des époux et qui consistent à enlever et à remettre machinalement leur alliance. Mon collègue K. a accompli toute une série d’actes symptomatiques de ce genre. Une jeune fille qu’il aimait lui fit cadeau d’une bague, en lui recommandant de ne pas la perdre, car s’il la perdait, ce serait un signe qu’il ne l’aimerait plus. Par la suite il fut constamment obsédé par la crainte de perdre la bague. Lorsqu’il