Page:Freud - La Psychopathologie de la vie quotidienne, 1922, trad. Jankélévitch.djvu/249

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l’argent dans sa poche, il fit tomber sur la table, juste devant moi, une pièce de dix pfennigs. – « Je sais maintenant que vous m’avez trop compté. Voulez-vous que je me renseigne à la caisse? » – « Pardon, permettez... un instant... » et il disparut.

Il va sans dire que je ne me suis pas opposé à sa retraite, et lorsqu’il revint deux minutes plus tard, en s’excusant d’avoir, par une erreur inconcevable, confondu le plat en question avec un autre, je lui ai remis les dix pfennigs en récompense de sa contribution à la psychopathologie de la vie quotidienne. »

C’est en observant les gens pendant qu’ils sont à table qu’on a l’occasion de surprendre les actes symptomatiques les plus bcaux et les plus instructifs.

Voici ce que raconte le Dr Hanns Sachs :

« J’ai eu l’occasion d’assister au souper d’un couple un peu âgé auquel je suis apparenté. La femme a une maladie d’estomac et observe un régime rigoureux. Lorsqu’on apporta le rôti, le mari pria la femme, qui ne devait pas toucher à ce plat, de lui donner la moutarde. La femme ouvre le buffet, en retire un petit flacon contenant les gouttes dont elle fait usage et le dépose devant le mari. Entre le pot de moutarde en forme de tonneau et le petit flacon à gouttes, il n’y avait évidemment aucune ressemblance susceptible d’expliquer la confusion; et cependant la femme ne s’aperçut de son erreur que lorsque le mari eut en riant attiré son attention sur ce qu’elle avait fait.

Inutile d’insister sur la signification de cet acte symptomatique. Elle saute aux yeux. »

Je dois au docteur B. Dattner (de Vienne) la communication d’un précieux cas de ce genre, qui a été très habilement utilisé par l’observateur :

« Je suis en train de déjeuner au restaurant avec mon collègue de philosophie, le Dr H. Il me raconte ce qu’il y a de pénible dans la situation d’un stagiaire et ajoute à ce propos qu’avant la fin de ses études il