Page:Freud - La Psychopathologie de la vie quotidienne, 1922, trad. Jankélévitch.djvu/157

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l’adresse de la malade, et se précipite ensuite chez cette dernière, qui habite assez loin. Il trouve la vieille femme, qui n’a pas encore eu le temps de faire exécuter son ordonnance, fait la correction nécessaire et rentre chez lui tranquillisé. Il s’excuse lui-même, non sans raison, par le fait que, pendant qu’il écrivait son ordonnance, le chef de la polyclinique, qui est bavard, se tenait derrière lui et lui parlait : cela ne pouvait que le troubler et distraire son attention.

2e CAS : Le médecin est obligé de couper court à la consultation qu’il donnait à une jolie patiente, coquette et piquante, pour aller voir en ville une autre patiente, un peu âgée. Limité par le temps, à cause d’un rendez-vous amoureux dont l’heure approche, il saute dans une automobile. En examinant la malade, il constate l’existence de symptômes exigeant l’emploi de la belladone. Il prescrit ce médicament avec la même erreur que dans le premier cas, c’est-à-dire en ordonnant une dose dix fois trop forte. La malade lui raconte quelques détails se rapportant à son cas, mais le médecin manifeste de l’impatience, tout en l’assurant du contraire, et il prend congé de la malade assez à temps pour se trouver à l’heure exacte au rendez-vous. Douze heures plus tard environ, le médecin se réveille et se rappelle avec effroi l’erreur qu’il a commise; il charge quelqu’un de se rendre chez la malade et de lui rapporter l’ordonnance, au cas où elle n’aurait pas encore été exécutée. Au lieu de l’ordonnance, on lui rapporte le médicament déjà préparé; avec une résignation stoïque et l’optimisme d’un homme expérimenté, il va trouver le pharmacien qui le rassure en lui disant qu’il a naturellement (peut-être également par erreur?) corrigé le lapsus du médecin et mis la dose normale.

3e CAS : Le médecin veut prescrire à sa vieille tante, sœur de sa mère, un mélange de teinture de belladone et de teinture d’opium à des doses inoffensives. L’ordonnance