Page:Freud - La Psychopathologie de la vie quotidienne, 1922, trad. Jankélévitch.djvu/146

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se trouve en polémique avec ses collègues, lit : « Stratégie linguistique» (SPRACHstrategie), au lieu de «stratégie d’échiquier » (SCHACHStrategie). Un homme qui se promène dans une ville étrangère, à l’heure même où ses fonctions intestinales se trouvent stimulées par une cure qu’il vient de subir, lit sur une grande enseigne du premier étage d’un grand magasin : KLOSEThaus («  W.-C. »); à la satisfaction qu’il éprouve se mêle cependant un sentiment de surprise de voir l’établissement bienfaisant installé dans des conditions si peu ordinaires. Mais bientôt, sa satisfaction disparaît car il s’aperçoit que la véritable inscription de l’enseigne est . KORSEThaus (maison de corsets).

j) Dans un deuxième groupe de cas, le texte joue un rôle beaucoup plus important dans la production des erreurs. Il contient quelque chose qui éveille la répulsion du lecteur, une communication ou une suggestion pénible; aussi subit-il, du fait de l’erreur, une correction, soit dans le sens de sa suppression, soit dans celui de la réalisation d’un désir. On peut admettre avec certitude que, dans ces cas, le texte a commencé par être accepté et jugé correctement, avant de subir la correction, alors même que cette première lecture n’a rien appris à la conscience. L’exemple c), cité plus haut, relève de ce genre. J’en communique un autre, d’une grande actualité, d’après le Dr M. Eitingon (qui était à l’époque médecin à l’Hôpital Militaire d’Iglo; Internat. Zeitschr f. Psychoanal., II, 1915).

« Le lieutenant X, qui est soigné dans notre hôpital pour une névrose consécutive à un traumatisme de la guerre, me lit un jour le vers final de la dernière strophe d’une poésie de Walter Heymann 45, tombé si prématurément. Très ému, voici ce qu’il me récite :