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De la linguistique de la langue à la linguistique du discours, et retour 5
 

l’enjeu de l’acte de langage. C’est que l’enjeu de l’acte de langage ne se trouve pas tant dans l’explicite de ce qui est dit (la langue) que dans l’implicite qu’il véhicule, la combinaison des deux fabriquants du discours. Tout acte de langage a, de façon constitutive, une double dimension explicite et implicite, indissociable l’une de l’autre.

3. Deux conceptualisations du signe

De cette observation, on peut tirer un certain nombre de conséquences quant à la façon de concevoir ce que serait la conceptualisation du signe linguistique:

  • le signe de langue, d’après une tradition maintenant bien établie, se définit selon une triple dimension : structurelle, car il s’informe et se sémantise de façon systémique au croisement des co-­occurrences syntagmatiques (combinaison de trente et ans) et des oppositions paradigmatiques (Je n’est pas Tu, an n’est pas mois, et réciproquement) ; contextuelle, dans la mesure où il est investi de sens par un contexte linguistique qui doit assurer une certaine isotopie ; référentielle dans la mesure ou tout signe réfère à une réalité du monde dont il construit la signifiance.
  • le signe de discours, lui, se définit selon une double dimension : situationnelle et énonciative, car il dépend pour son sens des composantes de la situation de communication et d’un certain processus d’énonciation dans lesquels il apparaît ; interdiscursive (ou intertextuelle)[1], car son sens dépend également des discours déjà produits qui constituent des domaines de savoir normés.

Cela explique que le signe de langue soit répertoriable, catégorisable, et que son sens relève du probable, parce que parmi un ensemble de sens possibles, au vu des combinaisons syntagmatiques et des ­oppositions paradigmatiques, tout récepteur ou observateur entendra, probablement, la même chose. Par exemple : étant donné les sens possibles de an, sa quantification, son attribution à une personne, on s’entendra sur le sens probable de : ‘âge’, ce que pourra confirmer le dictionnaire, comme l’un des sens possibles. Le signe de discours, lui, n’est pas ­catégorisable car il est toujours dépendant d’autre chose que de lui-même, d’un quelque chose d’externe à l’énoncé, son sens relevant du plausible. Par exemple : étant donné que c’est un sportif de haut niveau qui parle en justifiant son retrait de cette activité, étant donné un savoir sur la

  1. Ici, nous ne ferons pas de distinction entre ces deux notions.