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6 Festival Romanistica
 

limite d’âge des sportifs au regard de la compétition, on peut en inférer, plausiblement : ‘il est trop vieux’, et dans ce cas, le dictionnaire ne sera d’aucun recours. De même, si un mot comme « intellectuel », dans un énoncé du genre : «  C’est un intellectuel  !  », peut prendre tantôt une valeur positive, tantôt une valeur négative, c’est parce que circulent dans les groupes sociaux des discours qui, soit, opposent les intellectuels aux sportifs ou aux gens qui savent s’engager physiquement dans des actions (valeur négative), soit les opposent à ceux qui n’agissent que par pulsion, sans se contrôler, sans réfléchir (valeur positive).

On voit donc que le signe fait l’objet d’une double conceptualisation: une conceptualisation linguistique (de la langue) qui se fait dans un double mouvement de sémantisation entre l’universel et le particulier, le particulier et l’universel, à des niveaux plus ou moins abstraits, comme le montrent les travaux des sémanticiens et les théories des prototypes et des topoï[1] ; une conceptualisation discursive (du discours) qui se fait dans un double mouvement de sémantisation entre une norme sociale et une spécificité individuelle de savoir, le savoir étant ici conçu comme un ensemble de systèmes de connaissance et de croyance partagées. On voit que pour déterminer le sens de discours il faut avoir recours à du contexte. Mais, qu’est-ce que le contexte ?

De la diversité des contextes

Voilà encore une notion passe-partout. Lorsqu’elle est définie, c’est tantôt de façon générale (tout est contexte), tantôt de façon restrictive, comme l’ensemble des co-occurrents qui environne physiquement une unité linguistique  ; tantôt elle est confondue avec la situation de communication (le contexte d’une conférence), tantôt elle désigne plus amplement la dimension culturelle d’un phénomène (le contexte américain ou le contexte français).

Si l’on adopte le point de vue du sujet parlant dans son travail de production du langage, on peut supposer que pour réaliser son acte de langage, il tient compte, à la fois, de l’environnement linguistique immédiat de l’énoncé, de la situation d’énonciation et des discours déjà produits. Si l’on adopte le point de vue du récepteur dans son travail d’interprétation, il est aisé de constater qu’il doit avoir recours à plusieurs types de contexte : un contexte linguistique constitué des co-occurrents permettant de déterminer le sens premier des mots ; un contexte textuel constitué de textes produits par une même source (par exemple, les divers écrits d’un même auteur) qui permet par exemple de

  1. Voir Martin (1991) et Anscombre & Ducrot (1983).