Responce d'Auger à un rimeur qui luy envoye une rime à la maison de Monseigneur de Panat, comme l'on vouloit souper.

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Responce d'Auger à un rimeur qui luy envoye une rime à la maison de Monseigneur de Panat, comme l'on vouloit souper.
by Augièr Gailhard


Responce d'Auger
À un rimeur qui luy envoye une rime à la maison de Monseigneur de Panat, comme l'on vouloit souper.

Rimeur, qui m'envoyez ceste rime si tard,
Vous en voulez je croy au pauvre Auger Gaillard;
Car l'on voit maintenant qu'il est temps de souper,
Mais vous, fin cauteleux, afin de m'attraper,
Avez mal espié le temps pour vous respondre.
Venez icy demain: car je vous veux confondre:
Car j'entends quelque peu de la poësie l'art;
Mais rimer ne sçaurois pensant en autre part.
Comme je suis en table, il vous faut estimer
Que j'ay le cœur au plat et ne sçaurois rimer.
Laissez-moi donc souper avec mes bons amis,
Et vous aurez demain ce que vous ay promis.
Mais vostre intention est, je pense, peut-estre
Que souperons tous deux ensemble après le maistre.
Je réponds quant à moy qu'il n'y a homme au monde
Qui se fasche si fort d'estre en table seconde.
Quand l'on me fait souper à la seconde table,
D'un asne il me souvient qu'est au coing d'une estable,
Qui mange les reliefs qui tombent sous la cresche
Des autres grand'chevaux; mais faut cacher la mesche,
Car quelqu'un diroit puis que personnes honnestes
Accomparer je veux à de méchantes bestes:
Mais vous en estes cause, ou vostre messager,
Me voulant faire escrire alors qu'il faut manger.