Bientôt, le visage émerveillé des choux-fleurs, les éblouissements des citrouilles, la domination des asperges, le cœur innombrable des artichauts animèrent en elle une nouvelle espérance.
Un matin, elle s’aperçut en s’éveillant que la guérison, entrée dans sa chambre, s’était assise sur un petit fauteuil et la regardait, les mains contre les genoux, en souriant.
Désormais, le goût de sa chère âme ardente arrivait à ses lèvres entr’ouvertes. Tous les moments lui semblaient hauts comme des voûtes d’église. Elle n’employait plus que des mots bien portants, qui avaient les joues rouges. Et elle devait, comme on se bouche les oreilles, s’entrer les doigts dans les yeux pour n’être pas aveuglée par la beauté reconquise du monde.
Même elle devint si puissante, si nourrie et si grandiose, que des amours humaines lui parurent vulgaires et ne la rassasièrent plus.