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AH ! MON BEL ÉTÉ
Jardin, vous aurez fait du noir avec des roses,
Jardin qui, ce matin, jetiez un cri si haut
Que le soleil lissait le visage des choses
Et qu’on voyait danser l’odeur du mélilot.
Ah ! toute cette ivresse et toute cette extase !
Beau jardin innombrable et bleu comme mon cœur,
Beau jardin simple ainsi que mes vers, brusque vase
Qui versez l’ardeur molle et l’étroite langueur !
Beau jardin où déjà mûrit en mai la poire
Et qui ne savez pas l’ordre de vos saisons,
Ah ! que tout cela meure au fond de la mémoire,
Comme un train qui s’en va bousculant l’horizon.