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relativement importantes mais, comme pour beaucoup d’autres provinces italiennes, assez peu étudiées. Je dresserai dans un premier temps un tableau des migrations de retour dans l’histoire de l’émigration trentine à partir des recherches et des sources disponibles à l’heure actuelle. Je m’intéresserai ensuite plus particulièrement aux spécificités des migrants trentins et de leurs descendants en France.

Le premier document évoquant l’émigration des Trentins date du XIIIe siècle[2] et jusqu’à la deuxième moitié du XIXe siècle, il s’agissait surtout de déplacements saisonniers et temporaires. Chaque vallée était spécialisée dans une activité spécifique et les migrants, une fois leur travail terminé, retournaient ensuite dans leurs villages. Dans un ouvrage publié en 1923, Pietro Pedrotti recense ces différents mouvements migratoires parmi lesquels la pratique de la transhumance et le colportage qui sont communs à beaucoup de vallées alpines. D’autres activités, en revanche, sont caractéristiques de certaines vallées, ainsi celle de chaudronnier (paroloti) de la Val di Sole ou celle de rémouleur (moleti en dialecte trentin) de la Val Rendena et dans une moindre mesure du Tesino.[3]

Plus que d’une émigration saisonnière, on peut parler d’émigration de métier: quitter la vallée faisait souvent partie de véritables stratégies commerciales et l’objectif du retour au village d’origine était indissociable de l’idée de départ. Les colporteurs de la vallée du Tesino constituent un exemple frappant de cette véritable culture de la mobilité qui prévalait alors dans les montagnes du Trentin.[4] Jusqu’au XVIe siècle, l’activité pastorale était importante dans cette vallée et la plupart des habitants étaient des bergers qui allaient paître chaque année leurs troupeaux dans les plaines de la Vénétie voisine. Les autorités entravèrent progressivement ces déplacements et les Tesini furent contraints de substituer l’industrie, le commerce et la vente ambulante à l’élevage des moutons. Les contacts noués au cours de leurs voyages avec les Remondini, imprimeurs de Bassano del Grappa en Vénétie qui étaient spécialisés dans les livres religieux et les images pieuses, débouchèrent sur un partenariat commercial presque parfait. Né à la fin du XVIIe siècle entre les Remondini et les Tesini, le commerce des images, religieuses et autres, atteignit son apogée entre 1750 et 1850. Comme la plupart des vendeurs ambulants venant des Alpes, les Tesini étaient organisés en compagnies menées par un chef auquel l’entreprise vendait la marchandise à crédit. Placées dans une caisse, la cassella, les images étaient transportées à dos d’homme, surtout au début.

Les Tesini en parcourant l’Europe devinrent de véritables intermédiaires

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Histoire des Alpes - Storia delle Alpi - Geschichte der Alpen 2009/14