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Page:Labi 2009.djvu/8

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bienfaisance ou d’utilité publique (écoles, hôpitaux, ...) promues et soutenues par les migrants enrichis revenant chez eux sont aisément palpables. Enfin, il ne faut pas oublier d’autres empreintes matérielles comme les cimetières. Les tombeaux et les pierres tombales entérinent la seule migration réellement définitive et, pour les migrants choisissant de se faire enterrer dans leur village d’origine, l’affirmation de cet ancrage par delà une vie passée ailleurs. De manière moins directement visible, ces traces se dévoilent dans les écarts vécus, sentis, affirmés qui séparent les migrants de ceux qui sont restés ou partis plus sporadiquement ou même moins durablement. Écarts culturels qui s’ajoutent aux écarts économiques et sociaux, et que les modes de vie jusqu’aux années ’50 du XXe siècle (urbains/ruraux), ou les activités (loisirs des rentiers, travail de la terre et du bétail pour es propriétaires-paysans) révèlent. La contribution de A. Steidl montre comment ces multiples aspects signent le rôle de médiation joué par le retour entre deux contextes - celui du départ et celui de destination -les mettant en relation et introduisant dans les régions d’origine des modèles culturels, des idées, des solutions économiques et techniques apprises ailleurs. De même c’est à travers ce mouvement binaire d’aller et retour que se nourrit la nature transnationale de nombreux migrants alpins: une transnationalité qui se vit à travers l’essaimage des membres d’une même famille ou d’une même parenté dans divers lieux d’émigration, fondant et fondés sur des réseaux de relation dont le village alpin représente un des nœuds.[10] En ce sens le retour incarne un élément majeur pour comprendre l’évolution des sociétés alpines et leur rapport avec le monde extérieur.

Un élément dont les causes et les motivations peuvent toutefois être multiples, ce qui ouvre à des manières différentes de l’aborder.[11] Loin d’être secondaires, les facteurs politiques touchent directement et à plusieurs reprises les migrants du monde alpin. Entre autres exemples, on peut citer des artisans et des commerçants grisons expulsés du territoire vénitien en 1766, dont la plupart reviennent dans leur terre d’origine avant d’entreprendre une nouvelle migration vers d’autres destinations.[12] Ce sont aussi les environs 6000 Tessinois expulsés du territoire lombard en 1853: une mesure de rétorsion des autorités autrichiennes contre la politique d’asile que les autorités tessinoises avaient mise en place pour des chefs du Risorgimento italien.[13] Ou encore d’autres Grisons émigrés en Russie, revenant en Suisse lors du déclenchement de la Révolution en 1917.[14] Ce sont enfin les nombreux retours, lors des deux guerres mondiales, de migrants installés à l’étranger qui reviennent dans leurs vallées voire leur village. Là encore les motifs varient et vont de la partici-