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du Mésolithique. Il permet des incursions dans les massifs cristallins externes pour la chasse mais également pour l’approvisionnement en quartz hyalin ou cristal de roche.[22]

Du point de vue fonctionnel, on peut distinguer trois ensembles de gisements: les sites de piedmont, qui devaient représenter les camps de bases, apparaissent davantage orientés vers les activités polyvalentes (La Grande Rivoire, La Fru, Culoz), les sites d’altitude essentiellement voués aux activités de chasse (Pas de l’Aiguille, Aulp du Seuil), et, entre les deux, les camps-relais qui montrent une forte activité de façonnage de l’outillage (Bouvante, Pas de la Charmate) (fig. 4).

Au total, on assiste à une gestion alternée entre plaine et montagne nécessitant de nombreux déplacements saisonniers sur de courtes distances. Toutefois les quelques éléments qu’on possède sont contraires au schéma simpliste habituellement admis d’une montée en altitude l’été et d’un repli hivernal en piedmont. En effet, les périodes de chasse, déduites de certains caractères dentaires présentés par les individus juvéniles, s’étalent sur toute l’année. Ce mode de gestion prépare les sociétés préhistoriques à la pratique de la transhumance qui se développera à partir du Néolithique final.


CONCLUSION

En conclusion, on peut dégager trois enseignements principaux:

1) Si la montagne alpine induit des comportements spécifiques dans les activités d’exploration et d’exploitation du territoire montagnard, elle ne constitue pourtant pas un monde clos, fermé sur les groupes humains; elle apparaît plutôt comme un pôle d’attraction, ouvert aux influences périphériques (y compris transalpines) et donne l’image d’une région de carrefour.

2) La mobilité des hommes, des objets et des cultures constatée à toutes les échelles spatiales ne concerne dans un premier temps que les massifs externes, situés à l’ouest du sillon alpin; celui-ci ne sera franchi qu’à partir du Mésolithique qui inaugure une nouvelle voie de circulation, largement utilisée à partir du Néolithique pour la pénétration des massifs internes.

3) Sur le plan des comportements, les déplacements des chasseurs-cueilleurs du Paléolithique et du Mésolithique sont essentiellement tributaires des conditions bio-climatiques et des approvisionnements en matières premières. L’homme apprend à reconnaître la diversité biologique et physique du milieu

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HISTOIRE DES ALPES - STORIA DELLE ALPI - GESCHICHTE DER ALPEN 1998/3