Page:Labi 1998.djvu/75

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Il n’est plus possible de parler d’une culture alpine distincte pour le Moustérien ni d’une adaptation homogène au milieu alpin. Les variétés d’industries parmi les gisements montrent plutôt une diversité dans la gestion saisonnière de ce milieu de contrainte. Cependant, est-il possible d’interpréter les ensembles lithiques en termes d’activité saisonnière de caractère transitoire ou/et en termes de stratégies («organizational variability» suggéré par Lewis Binford)?

On a constaté que les ensembles lithiques présentent, dans les milieux d’altitude, une typologie appauvrie en nombre de types, mais n’oublions pas que certaines activités de chasse nécessitent parfois l’utilisation d’armes en bois (pieux, etc). Ces armes, qui évidemment ne se sont pas conservées, pouvaient prendre alors la place d’autres à armatures lithiques, expliquant peut-être en partie la faiblesse de la diversité typologique. Le type même de chasse comporte un certain nombre de contraintes dont les trois principales sont fortement liées. Il s’agit de:

1) la contrainte liée aux espèces chassées; 2) la contrainte liée au but de la chasse (viande, peau, suif, etc.); 3) la contrainte liée aux risques encourus (animal dangereux ou non dangereux).

Au sujet de cette dernière contrainte, il est évident que la performance de l’arme1 l’emporte largement sur le style.[2]

Nous savons que la mobilité saisonnière d’un groupe n’est pas conciliable avec le transport d’un stock conséquent d’outils et que par conséquent le pourvoi et la maintenance de l’outillage devaient avoir nécessairement lieu sur le parcours de déplacement. La stratégie, mise en place avant le départ, devait être alors pensée en terme d’«approvisionnement intégré»[3] par des groupes qui connaissaient bien les potentialités en matière première des zones à traverser. Il semble, d’après les données ci-dessus revues, que l’objectif premier des groupes qui se sont installés à l’entrée des cavités alpines était l’approvisionnement en matières premières animales. Cependant, nous ne pouvons affirmer que c’était là le seul objectif du groupe au moment de son départ pour les zones d’altitude. L’approvisionnement en matières premières siliceuses était-il seulement pensé en terme de renouvellement d’un outillage utile pendant le séjour saisonnier en altitude, ou faisait-il partie également des ressources à importer dans les habitats de plaine? Cette question est importante et demande la mise en place d’un programme d’évaluation de la circulation des matières premières siliceuses d’origines alpines au cours du

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HISTOIRE DES ALPES - STORIA DELLE ALPI - GESCHICHTE DER ALPEN 1998/3