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Page:Labi 1998.djvu/170

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mandie à la Lorraine et qu’ils avaient soit emprunté la fluide voie maritime soit traversé la ligne difficilement contrôlable de la plaine nordique.

Du moins le gouvernement pensait-il être plus en sécurité du côté des montagnes? Vers les Pyrénées, les risques étaient réduits: la très catholique Espagne et son Inquisition avaient peu de raisons d’attirer des protestants français. Encore que, justement, des études récentes ont montré qu’un certain nombre de protestants du Midi français passèrent les Pyrénées pour, à travers Espagne et parfois même Portugal, rallier l’Angleterre. Toutefois il semble que cette voie détournée ne fut empruntée que par une petite minorité de fugitifs. Il en alla différemment pour les Alpes.


LA SURVEILLANCE DES PASSAGES ALPINS

Pas plus que dans les autres massifs, les cols alpins ne constituaient des frontières. Ainsi, par exemple, la vallée de Barcelonnette, en deçà du col de Larche, formait une avancée de terre «savoyarde» dans le domaine français de Provence tandis que, à l’inverse, le Valcluson, au delà des cols du Montgenèvre et de Sestrières, relevait du Dauphiné, enclave au sein du duché de Savoie piémontais. Toutefois, le très catholique duc de Savoie, pour diverses raisons, n’avait aucune intention de recevoir chez lui des réfugiés huguenots français, ayant par ailleurs lui-même suffisamment de difficultés avec ses sujets protestants, héritiers des anciens vaudois et constitués en «Église vaudoise» dans les vallées du Pellice et de la Germanasca. À vrai dire, si le problème des exilés français se posait ici, c’est parce que la Savoie pouvait constituer une aire de transit vers des pays réformés, cantons helvétiques ou pays germaniques notamment, aire sur laquelle ils étaient susceptibles de recevoir aide et assistance de la part de leurs coreligionnaires.

Deux provinces françaises étaient partiellement alpines et limitrophes du duché de Savoie: la Provence et le Dauphiné. Toutes deux abritaient une population protestante nettement minoritaire, mais à des degrés différents dans l’un et l’autre cas. Si nous nous rapportons aux rapports des intendants de la fin du 17e siècle, la Provence aurait compté 1,3% de protestants tandis qu’en Dauphiné ils auraient été environ 12%.7 Dans les deux cas, l’ancienne souche vaudoise devenue protestante fournit très vraisemblablement le gros des effectifs avec notamment le Lubéron provençal et les vallées dauphinoises du Valcluson, de Freissinières, Largentière et Vallouise. Pour

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AUDISIO: SURVEILLER LES PASSAGES ALPINS