Irisleabhar na Gaedhilge/Imleabhar 1/Uimhir 1/L'Irlandais Exile

From Wikisource
Jump to navigation Jump to search
Irisleabhar na Gaedhilge, Imleabhar I, Uimh. 1
L'Irlandais Exile
[ 15 ]

L’IRLANDAIS EXILE.

“Erin Gu Brath;” i.e., “Ireland for Ever!”
“Vive à jamais l’lrlande!”

Traduction du chant national Irlandais.

Par John Sullivan.

Sur une rive étrangère, rêveur et mélancolique, un Barde proscrit chantait avec cette ardeur, cette âme qui caractérise à un si haut degré les fils de l’antique, de la malheureuse Erin, de ce berceau des Bardes où naquit la sublime Poésie. Sa tunique légère était saturée d’une rosée lourde et glacée qui détendait ses nerfs engourdis. Il soupirait après son Erin, sa brillante Emeraude, sa patrie aux monts verts et riants, qui avaient donné de l’essor à sa verve, à son âme, à sa lyre dès sa plus tendre enfance.

Un soir, à l’heure où nait le crépuscule, seul, exposé au fort de la tempête, des éclairs, de la foudre, entre la crainte et [ 16 ]l’espèrance, il chantait les désirs ardents que fait naitre l’amour de la patrie dans le sein du malheureux Exilè comme suit :

I. Oh, qu’affreux est mon sort !
Le cerf, la bête fauve
Ont un refuge, un port
Qui du danger les sauve.
Je suis rêveur et coi,
Je pense à ma chaumine.
Plus de pays — pour moi,
L’exil et le famine.

II. Jamais dans ces verts prés,
De mes aïeux l’asile,
Jamais dans ces bosquets
Pour chanter ma belle île.
Ma harpe implorera
Le “Shamrock” qui l’inspire ;
Oh, mon “Erin Gu Brath,”
Sois le lai de ma Lyre !

III. Erin, oh mon pays!
Humble et abandonnée,
Je songe à tes parvis....
A ta rive adorée !
Je m’éveille en exil....
Et mes amis je pleure....
Sans revoir leur sourcil
Il faudra que je meure.

IV. Porte de ma chaumine,
Es-tu là pres du bois
Où le berger domine
Avec son fier hautbois ?
Dites, mes sœurs, mes frères
Ont-ils versé des pleurs,
Ont-ils dit des prières
En caressant mes fleurs ?

V. Assez de souvenirs....
Un désir....puis la tombe....
Erin, vois les soupirs
De l’exilé qui tombe....
Mourant, il chantera
Pour sa noble patrie,
“Erin, Erin Gu Brath,”
O doux sol que j’envie !

VI. Ou que verts soient tes champs,
Mon île enchanteresse !
Quand aux eternels camps
Mon cœur priera sans cesse.
Ton Barde chantera
Sur ta harpe sonore,
“Erin, Erin Gu Brath,”
Mon divin Excelsiore.

Omega.

Londres, British Museum, 15 Août, 1864.