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ceux de la mondialisation, ainsi les 100 millions de Chinois ou d’Indiens riches qui peuvent consacrer chaque semaine 15’000 francs à un voyage à l’étranger. En avril, quand la neige fond et qu’il pleut, pour ces touristes potentiels des pays arabes, de Chine ou des Indes, qui souvent vivent dans des endroits où la tem- pérature moyenne avoisine les 40 degrés, il faudra faire d’une semaine de pluie un événement exceptionnel, et simplement leur vendre des vêtements adéquats. Pour reprendre l’argument déjà présenté lors de la construction du terrain à Realp en 1992, le golf est le sport enregistrant la plus forte croissance dans le monde, et en plus, ceux qui le pratiquent investissent beaucoup de temps et d’argent dans cette activité et sont heureux de découvrir des terrains nouveaux pour le pratiquer. En outre, les touristes viennent en Suisse parce que, contrairement à d’autres pays, ils y trouvent la stabilité politique, sociale et financière, la propreté sur tout le territoire, la tranquillité, des paysages idylliques. Bref, ils ont ici, dans le Canton d’Uri, un condensé de toutes les valeurs suisses auxquelles bien sûr le citoyen d’Andermatt s’identifie. Ainsi, pour contrer la rumeur susceptible de faire capoter le projet dès le départ, on a diffusé, spontanément, une information appropriée et, surtout, fiable.


Une critique tiers-mondiste et l'enjeu politique

Bien que la plupart des expatriés d’Andermatt aient été en faveur du projet, certains se sont exprimés résolument contre le projet. Une personnalité, fa- milière des régions du tiers-monde, où elle avait exercé son métier, présenta des arguments qui relevaient plutôt d’une opposition politique systématique. L’argument selon lequel «M. Sawiri ferait mieux d’investir son argent dans la misère de son pays plutôt qu’à Andermatt», opinion certes respectable en soi, était hors-sujet. Aussi cette opposition d’un ancien expatrié ayant ses racines à Andermatt, mais connaissant l’étranger n’a pas eu de véritable impact sur l’opinion publique, parce qu’elle a été perçue comme politiquement discutable. En effet, pour qu’un argument puisse être accepté par l’opinion publique, il ne suffit pas qu’il émane d’un expatrié; il doit aussi s’inscrire dans une orienta- tion politique communément admise, et manifester une position pragmatique et en prise directe avec la vie quotidienne des citoyens. Tel n’a pas été le cas de l’argumentation tiers-mondiste.

Dès le départ, M. Sawiri a visiblement compris les enjeux économiques et socio-politiques de son projet. Il s’est appuyé sur la diffusion de l’information

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Histoire des Alpes - Storia delle Alpi - Geschichte der Alpen 2009/14