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des arbustes et des arbres produits dans leur région ou à l’étranger.[40] Une vingtaine de commerçants sont originaires de régions montagneuses plus éloignées: négociants et marchands de baromètres des Alpes lombardes, marchands de plumes descendus de Bohême avec leurs valets.


DIVERSITÉS MONTAGNARDES

Les sources suisses confirment donc que les gens des plaines sont nombreux à quitter leurs foyers, tandis que des régions d’altitude élevée et au climat austère peuvent retenir leurs habitants lorsqu’ils y trouvent du travail.

Les montagnes, loin de former des blocs homogènes, sont des lieux de diversité et les différences entre régions sises en altitude peuvent être aussi importantes, voire plus, que celles entre la montagne et la plaine.[41] Au sein d’un même village, les montagnards ne sont pas égaux et le comportement migratoire des pauvres et des riches est très contrasté.[42] La diversité des métiers exercés par les migrants montagnards est considérable. Il ne s’agit qu’exceptionnellement d’hommes à tout faire s’adaptant aux besoins multiples des régions où ils se rendent, mais bien de spécialistes formés au métier de père en fils. C’est ce que montrera un dernier point de vue sur les mobilités, effectué à partir d’une région que de nombreux voyageurs traversent, comme c’était le cas pour Bâle, mais où la moitié d’entre eux environ restent pour trouver de l’embauche. Il s’agit du canton de Vaud, appelé canton du Léman (à ne pas confondre avec le département français du même nom) sous l’Helvétique. Plus d’un millier de personnes y sont enregistrées en 1799. Les données sont nettement plus lacunaires qu’à Bâle et le tableau 2 (pp. 264-266) est plus proche de l’estimation que du comptage précis. Il permet cependant de repérer les principales régions d’origine des voyageurs et de comparer leurs activités. Cette fois, je ne me limiterai plus aux seuls commerçants, mais j’étudierai tous les voyageurs.

On peut s’attendre à voir beaucoup de montagnards entrer dans un canton enserré entre le Haut Jura à l’ouest et les Alpes au sud et à l’est. Le seul débouché de plaine important est, au nord-est, le Moyen-Pays suisse; or, les gens venus de Suisse ne font pas viser leur passeport. Parmi les étrangers, les habitants de Neuchâtel (alors prussienne) et de Genève (chef-lieu du département français du Léman) sont nombreux, mais peu de gens viennent de Lyon, de Paris ou de Gênes. Les villages, pour la plupart montagnards.

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HISTOIRE DES ALPES - STORIA DELLE ALPI - GESCHICHTE DER ALPEN 1998/3