Zémire et Azor
1771}}
- Zémire - soprano
- Azor - ténor
- Sander - baryton
- Lisbé - soprano
- Ali - ténor
- Fatimé - mezzo-soprano
Acte I
[modifier]Scène I
[modifier]Récit n° 0 bis
Sander
- Quelle étrange aventure !
- Ce palais éclairé
- Où je ne rencontre personne !
Ali
- Monsieur, délogeons prudemment !
- Je soupçonne que tout ceci
- N’est qu’un enchantement.
Sander
- As-tu peur ?
- Si quelqu’un dans ce palais habite,
- Il nous y reçoit assez bien !
Ali
- Mais si c’est un génie ?
Sander
- Eh bien !
Ali
- Croyez-moi, partons au plus vite.
Ariette Air n° 1
Ali
- L’orage va cesser.
(On entend encore gronder le tonnerre dens les grands forte.)
- Déjà les vents s’apaisent,
- Les voilà qui se taisent.
- Partons sans balancer.
- Ce n’est plus rien qu’un nuage
- Dont le ciel se dégage.
- Cela ne peut durer,
- Le temps, le temps va s’éclairer
- Oui, oui, les vents s’apaisent,
- Les voilà qui se taisent.
- Partons, partons sans balancer.
- Vos filles vont passer la nuit à vous attendre ;
- La frayeur va les prendre.
- Pourquoi, pourquoi les délaisser ?
- Ah ! je crois les entendre
- Vous les aimez d’amour si tendre ;
- Pourquoi, pourquoi les délaisser ?
- L’orage va cesser ;
- Déjà les vents s’apaisent,
- Les voilà qui se taisent.
- Partons sans balancer.
- Ce n’est plus rien, rien qu’un nuage
- Dont le ciel se dégage.
- Cela ne peut durer
- Le temps, le temps va s’éclairer
- Oui, oui, les vents s’apaisent,
- Les voilà qui se taisent
- Partons, partons sans balancer.
Air n° 1 bis
Sander
- Que dis-tu ? L’orage redouble,
- Comment retrouver mon chemin ?
Ali
- Je vous mènerai par la main.
Sander
- Nous sommes bien !
- Passons ici la nuit sans trouble.
Ali
- Sans trouble.
Sander
- Au point du jour nous partirons demain.
Air n° 2
Sander
- Le malheur me rend intrépide,
- J’ai tout perdu, je ne crains rien
- Et pourquoi serais-je timide ?
- Pour moi la vie est-elle un bien ?
- Le malheur me rend intrépide ;
- Je suis tombé de l’opulence
- Dans la misère et dans l’oubli.
- Un vaisseau, ma seule espérance
- Dans les flots est enseveli
- Le malheur me rend intrépide ;
- J’ai tout perdu, je ne crains rien
- Et pourquoi serais-je timide ?
- Pour moi la vie est-elle un bien ?
Air n° 2 bis
Ali
- Oh ! Ciel !
Sander
- Tu vois, de nos besoins
- Quelqu’un s’est occupé
- Mets-toi là ! Goûte !
Ali
- Ah ! Monsieur, cette liqueur vermeille
- N’est peut-etre qu’un lent poison.
- Mais qu’importe !
- Ah ! Le charmant breuvage !
Ariette
Ali
- Les esprits dont on nous fait peur
- Sont les meilleures gens du monde
- Voyez, voyez comme ici tout abonde.
- Quel bon souper !
- Quelle liqueur !
- Quel bon souper !
- Et quelle liqueur !
- Voyez, voyez comme ici tout abonde !
- Quel bon souper !
- Et quelle liqueur !
- On n’en parle que par envie ;
- Moquons-nous de ces contes vains,
- Pour moi j’en ai l’âme ravie !
- Je ne veux plus d’autres voisins,
- Avec eux je passe ma vie
- S’ils ont toujours d’aussi bons vins.
- Les esprits dont on nous fait peur
- Sont les meilleures gens du monde.
Duo
Sander, Ali
- Le temps est beau.
- — J’en suis bien aise.
- — Ali !
- — Je dors.
- — Ali !
- — Je dors.
- — II faut partir, il faut partir.
- — Ouand j’ai bien bu, ne vous déplaise,
- Je veux dormir.
- — Ali !
- — Je dors.
- — Tu dormiras plus à ton aise
- Quand nous serons rendus chez moi.
- — On dort si bien sur une chaise,
- On est ici comme chez soi.
- — Le temps est beau.
- — J’en suis bien aise.
- — Tu dormiras plus à ton aise
- Quand nous serons rendus chez moi.
- — Je dors si bien sur une chaise.
- On est ici comme chez soi.
- — Le jour se lève.
- — Qu’il se couche.
- — Ali, sans toi. je m’en irai.
- — Partez sans moi.
(Il s’endort tout à fait !)
- Partez sans moi.
- Je vous suivrai.
- — Et si quelque bête farouche
- Vient t’attaquer ?
- — Je n’ai pas peur.
- — Le vin t’a donné du cœur.
- — Je n’ai pas peur.
- — Le vin t’a donné du cœur.
- — Ce bon vin m’a donné du cœur.
- — Tu dormiras plus à ton aise
- Quand nous serons rendus chez moi.
- — On dort si bien sur une chaise,
- On est ici comme chez soi.
- — Ali !
- — Ah !
- Je dors si bien sur cette chaise,
- On est ici comme chez soi.
- — Tu dormiras plus à ton aise
- Quand tu seras rendu chez moi.
Récit N° 4 bis
Sander
- Le ciel s’éclaire
- Je veux, en quittant ce beau lieu.
- Avoir, de ce prodige, une preuve certaine.
- Allons ! Ma famille m’attend
- Ma petite Zémire, en me disant adieu.
- Ne m’a demandé qu’une rose.
Azor
- Que fais-tu là ? Téméraire ! Ingrat !
- Je te donne l’asile, un bon souper,
- Le meilleur vin que j’ai !
- Et tu veux que je te pardonne
- De me voler mes fleurs !
- Tu vas mourir !
Sander
- Tu peux disposer de ma vie !
- Je n’ai regret qu’à mes enfants.
Azor
- De trois filles, dit-on,
- Le destin t’a fait père ?
Sander
- Oui. L’une d’elles, à mon départ,
- Me demanda des rubans,
- L’autre des dentelles.
- Mais la plus jeune me dit en m’embrassant
- Je ne veux qu’une rose.
Scène II
[modifier]Air N° 5
Sander
- La pauvre enfant ne savait pas
- Qu’elle demandait
- Qu’elle demandait mon trépas.
- Cachez-lui bien que cette rose
- Est la cause de mon malheur.
- Sa tendresse qui me presse
- De revenir dans ses bras,
- Me rappelle la promesse.
- Ah ! pauvre enfant, tu ne sais pas
- Que tu demandes mon trépas.
- Ah ! pour elle, quelle douleur.
- Cachez-lui bien que cette rose
- Est la cause de mon malheur.
Air n° 5 bis
Azor
- J’ai l’âme assez compatissante
- Pour me laisser fléchir.
- Mais il faut que, pour toi,
- L’une de tes filles consente
- À venir se donner à moi.
Sander
- Cruel ! Pour une fleur !
Azor
- Et sais-tu si mon sort
- Ne tient pas à ces fleurs
- Qu’un charme fait éclore !
Sander
- Non ! J’aime mieux mourir
- Que d’exposer leurs jours.
- Mais je veux les revoir,
- Les embrasser encore.
Azor
- Eh bien !
Ali
- Promettez-lui toujours…
Sander
- Malgré le sort qui me menace,
- J’en donne ma parole
- Et je la tiendrai.
- L’une d elles prendra ma place,
- Ou moi-même, je reviendrai !
Azor
- Voilà qui nous réconcilie.
- Reprends cette fleur, je le veux.
- Et qu elle soit le garant
- De la foi qui nous lie.
Air N° 6
Azor
- Ne va pas me tromper,
- Ne crois pas m’échapper
- Sur la terre et sur l’onde
- Ma puissance s’étend.
- Et jusqu’au bout du monde
- Ma vengeance t’attend.
- Compte sur mes largesses,
- Si tu me satisfais.
- Sois sûr que mes bienfaits
- Passeront mes promesses.
- Que pour toi mes richesses
- Ne tariront jamais.
- Sois sûr que mes richesses
- Ne tariront jamais.
- Mais ne va pas me tromper,
- Ne crois pas m’échapper.
- Sur la terre et sur l’onde
- Ma puissance s’étend.
- Et jusqu’au bout du monde,
- Ma vengeance t’attend !
Acte II
[modifier]Scène I
[modifier]Trio
Zémire, Fatimé, Lisbé
- Veillons mes sœurs, veillons encore.
- La nuit s’enfuit devant l’aurore,
- Mes sœurs voilà bientôt le jour.
- Jour prospère, rends un père
- À mon amour.
- Il m’a promis des dentelles,
- À moi des rubans nouveaux.
- Les dentelles les plus belles
- Les rubans les plus beaux.
- Il m’a promis une rose,
- C’est la fleur que je chéris.
- Une rose ? c’est peu de chose.
- De sa main, elle est sans prix.
- Veillons mes sœurs, veillons encore,
- La nuit s’enfuit devant l’aurore,
- Mes sœurs voilà bientôt le jour.
- Jour prospère, rends un père
- À mon amour.
Scène II
[modifier]Air N° 7 bis
Zémire
- Ah ! Mon père…
- Avez-vous fait un bon voyage ?
Sander
- Hélas ! Tout a péri !
- Dans la misère,
- Nous voilà retombés.
Zémire
- Mon père, vous n’en serez
- Que plus chéri.
Sander
- La pauvre enfant !
- Comme elle est touchante !
- Je me suis souvenu de toi ;
- Tu n’as demandé qu’une rose,
- La voilà !
Air N° 8 Ariette
Zémire
- Rose chérie,
- Aimable fleur,
- Rose chérie,
- Viens sur mon cœur.
- Qu’elle est fleurie !
- Voyez ma sœur,
- Rose chérie,
- Viens sur mon cœur,
- Rose chérie,
- Viens du moins, mourir
- Sur mon cœur.
Scène III
[modifier]Air N° 8 bis
Sander
- Ciel ! Où m’as-tu réduit ?
- Va-t’en ! Dans l’état où je suis,
- Laisse-moi !
Zémire
- D’où vient cette douleur extrême ?
Sander
- Laisse-moi, laisse-moi !
- Viens embrasser ton père
- Et va-t’en reposer !
Zémire
- Son silence me fait trembler,
- Je veux savoir ce qui l’afflige.
Scène IV
[modifier]Air N° 9 Ariette
Ali
- Plus de voyage qui me tente,
- Plus de voyage !
- Je veux mourir vieux, si je puis,
- Je ne serai plus qu’une plante
- Et je prends racine où je suis.
- Passe encor pour aller sur terre,
- C’est un plaisir quand il fait beau
- Passe encor pour aller sur l’eau,
- Quoi que je ne m’y plaise guère.
- Mais voyager sur les nuages
- Et voir là-bas, là-bas, là-bas,
- La terre s’enfuir sous ses pas.
- Cela dégoute des voyages
- La tête tourne d’y penser,
- Je ne veux plus,
- Je ne veux plus recommencer !
Scènes V, VI, VII
[modifier]Air N° 9 bis
Zémire
- Ali, mon cher Ali,
- Dis-moi ce qu’a mon père.
- Son silence me désespère.
Ali
- Votre père,
- Votre malheureux père
- Est un homme perdu.
Zémire
- Mon père ?
Ali
- Il m’a bien défendu
- De vous en faire confidence.
- Mais cette nuit, dans le bois,
Sander
- Ali ! Ali !
Ali
- Venez me retrouver.
- C’est lui, c’est lui, fuyez !
- Je vais vous retrouver.
Sander
- Ali, tu ne dors pas ?
- Une table je veux écrire.
- Laisse-moi seul, laisse-moi !
Récitatif obligé Air N° 10
Sander
- Je vais faire encor un voyage,
- Bien long, peut-être. Ô vous que je laisse
- Au milieu des écueils de votre âge,
- Veille sur vous le ciel. Jouissez en ce lieu
- Des douceurs d’une vie obscure,
- Honnête et sage.
- Aimez-vous, aimez-moi,
- Je vous embrasse, adieu.
Scène VIII
[modifier]Air N° 10 bis Duo
Zémire
- Je veux le voir, je veux lui dire
- Je veux lui dire que c’est à moi
- De m’offrir au trépas.
Ali
- Ah Zémire ! Parlez plus bas,
- Il vous entend.
- Que j’ai mal fait de vous le dire
- Voilà, voilà comme je suis
- Je veux me taire et je ne puis !
Zémire
- Que pour moi mon père expire
- Non, je ne le souffrirai pas !
- Je veux le voir, je veux lui dire
- Que c’est à moi, que c’est à moi
- De m’offrir au trépas
Ali
- Ah Zémire ! Parlez plus bas,
- Il veut partir
- Sans vous le dire.
Zémire
- Sans me le dire
- Il veut partir.
- Non, non, je n’y puis consentir.
- Je veux le voir, ne tardons pas.
- Je veux le voir,
- C’est mon devoir.
Ali
- Il veut partir, parlez plus bas.
- Il vous entend, parlez plus bas.
- Il nous entend, parlez plus bas.
- Vous l’allez voir au désespoir.
Zémire
- Hé bien ! Sois mon guide toi-même.
- Vers ce palais, conduis mes pas.
Ali
- Qui, moi ! vous mener au trépas.
- Trahir un père qui vous aime !
- Non, non ! je n’irai pas.
Zémire
- Cruel ! Ne vois-tu pas
- Que je le dérobe au trépas !
- Veux-tu le voir périr lui-même ?
Ali (à part)
- Je tremble aussi pour moi-même.
Zémire
- Cher Ali, mon père repose
- C’est le moment, conduis mes pas.
- De son malheur je suis la cause,
- Je dois le sauver du trépas.
- Il nous entend, parlons plus bas.
Ali
- Non, non, je n’ai garde et pour cause,
- Non, non, je n’irai pas.
Zémire
- Tu n’as jamais aimé ton maître !
- Si tu l’aimes, fais-le connaître.
- Le temps nous presse, viens !
Ali
- Je l’aime, hélas ! il le sait bien.
- Non, je n’entends rien.
Zémire
- À tes genoux que j’embrasse.
Ali
- Ah ! de grâce, levez-vous.
Zémire
- À mes pleurs il faut te rendre.
Zémire
- Si nous tardons, il est perdu, viens !
Ali
- Je m’attendris, je suis rendu.
Acte III
[modifier]Scène I
[modifier]Air N° 11
Azor
- Ah ! Quel tourment d’être sensible,
- D’avoir un cœur fait pour l’amour
- Sans que jamais il soit possible
- De se voir aimer à son tour.
- Je porte avec moi l’épouvante
- Et je n’inspire que l’effroi.
- La beauté timide et tremblante
- S’alarme et fuit devant moi.
- Ah ! Quel tourment d’être sensible,
- D’avoir un cœur fait pour l’amour,
- Sans que jamais il soit possible
- De se voir aimer à son tour.
Scène II
[modifier]Air N° 11 bis
Azor
- Ce bon père à qui je commande
- De me livrer sa fille
- Aura-t-il la rigueur de m’obéir.
- Mais ! Que vois-je ! Couchons-nous !
Ali
- Vous voilà, je me sauve. Adieu !
- Misérable ! C’est fait de moi !
- Tout est fermé, pourquoi suis-je venu ?
Zémire
- L’hôte charmant qui nous reçoit ici
- Sera-t-il longtemps invisible ?
Ali
- Oh ! Non.
Zémire
- Dans ce palais tout me semble paisible,
- Tout semble déjà prévu.
- Vois, « appartement de Zémire ».
- C’est donc là qu’il veut me loger.
- Quel éclat, cher Ali,
- Quelle richesse extrême.
Ali
- Il ne veut pas vous égorger !
Air n° 12 Duo
Zémire
- Rassure mon père ; dis-lui
- Qu’on n’a pas résolu mon trépas.
Ali
- Oui, mais comment faire ?
- On arrête mes pas
- Ne le voyez-vous pas ?
Zemire
- Console mon père,
- Dis-lui que j’espère
- Me revoir dans ses bras. Dis-lui
- Qu’on n’a pas résolu mon trépas.
Ali
- J’avais bien à faire
- De somber dans ces lacs !
- Dans notre humble asile
- J’étais si tranquille,
- J’étais sans effroi.
Zémire
- Si dans son asile
- Je le sais tranquille
- Je suis sans effroi.
- Je dis en moi-même,
- Il respire, il m’aime,
- C’est assez pour moi.
Ali
- Mais celui qui vous aime
- Ne peut-il de même
- Vous aimer sans moi ?
- Que veut-il de moi ?
- Ne peut-il vous aimer sans moi ?
Zémire
- Rassure mon père ; dis-lui
- Qu’on n’a pas résolu mon trépas
- Qu’il oublie, hélas !
- La pauvre captive !
- La pauvre captive
- Ne s’en plaindra pas !
Ali
- Ô ciel ! Pour vous plaire
- J’avais bien à faire !
- Pourvu que je vive
- Je ne m’en plains pas !
- Mais comment faire ?
- On retient mes pas.
- Ne le voyez-vous pas ?
- Eh ! comment faire ?
- On retient mes pas.
Scène III
[modifier]Air N° 12 bis
Azor
- Esclave, éloigne-toi !
- Laisse-la dans ces lieux.
Ali
- Ah ! Je ne demande pas mieux.
Zémire
- Me voilà seule, il va venir
- Ah ! Quelle peur est la mienne.
Entrée des Génies
Scène V
[modifier]Récit
Azor (solennel)
- Ah ! Revenez, Zémire, de ce mortel effroi
- Ne me regardez pas, Zémire,
- Ecoutez-moi.
Zémire
- Ah ! Je meurs. Éloignez-vous !
- Vous n’allez pas me dévorer ?
Azor
- Quoi ! Moi ?
- Je veux passer ma vie à vous plaire,
- À vous adorer.
Zémire
- Je commence à me rassurer.
Air N° 13 Ariette
Azor
- Du moment qu’on aime
- L’on devient si doux.
- Et je suis moi-même
- Plus tremblant que vous.
- Hé quoi ! Vous craignez l’esclave timide
- Sur qui vous régnez !
- N’ayez plus de peur,
- La haine homicide
- Est loin de mon cœur
- Du moment qu’on aime
- L’on devient si doux.
- Et je suis moi-même
- Plus tremblant que vous.
Air N° 13 bis
Zémire
- Je ne puis revenir de mon étonnement.
- Quelle horrible figure
- Et quel charmant langage.
Azor
- Vous me haïssez.
Zémire
- Quand on n’est pas cruel
- On n’est point haïssable.
Azor
- Zémire, Zémire, vous ètes reine
- De ce palais et de mon cœur.
- Parlez, commandez, tout ici
- Reconnait votre loi souveraine.
- Je suis riche et j’espère,
- À force de bienfaits,
- Consoler votre père.
- Je doterai vos sœurs,
- Je les établirai.
Zémire
- Mais, vous m’attendrissez,
- On ne peut davantage
- A vous voir, j’accoutume mes yeux.
Azor
- Zémire, commencez donc
- À vous faire en ces lieux.
- Vous chantez, je le sais,
- Vous chantez à merveille.
Zémire
- Eh bien ! Si vous désirez que je chante
- Je chanterai.
Azor
- Quelle bonté charmante.
Air N° 14 Air de la fauvette
Zémire
- La fauvette avec ses petits
- Se croit la reine du bocage.
- De leur réveil, par son ramage
- Tous les échos sont avertis.
- Sa naissante famille
- Autour d’elle sautille,
- Voltige et prend l’essor.
- Rassemblés sous son aile
- De leur amour pour elle
- Elle jouit encor.
- Mais par malheur
- Vient l’oiseleur
- Qui lui ravit son espérance.
- La pauvre mère, elle, ne pense
- Qu’à son malheur.
- Tout retentit de sa douleur.
- La fauvette avec ses petits
- Se croit la reine du bocage.
- De leur réveil, par son ramage
- Tous les échos sont avertis.
Air N° 14 bis
Azor
- Vos chants pour moi sont une plainte
- Ne puis-je, au moins, adoucir vos regrets ?
Zémire
- Vous le pouvez.
Azor
- Comment ? Parlez, parlez,
- Que faut-il faire ?
Zémire
- Me laisser voir encore
- Et mes sœurs et mon père
Azor
- Autant que je le puis
- Je vais vous obéir.
Scène VI
[modifier]Air N° 15 Trio
Fatmé, Lisbé
- Hélas, mon père, cessez de la pleurer !
Sander
- Ah ! Laissez-moi la pleurer,
- À mes regrets, laissez-moi me livrer
- Qui m’aimera jamais comme elle ?
- Qui me rendra ce tendre zèle ?
Fatmè, Lisbè
- Ce sera moi
- Ce sera moi
- Hélas, mon père, cessez de la pleurer !
- Nous vous aimons.
Sander
- Je le sais bien.
Lisbé
- Croyez la voir !
Sander
- Oui je la vois,
- Je crois l’entendre
- Qui m’appelle ?
- Ah ! ma Zémire,
- Sans toi j’expire.
- Reviens, reviens !
Scène VII
[modifier]Air N° 15 bis
Zémire
- Ah ! mon père, ah ! cruel,
- Laissez-moi l’aller voir.
Azor
- Non Zémire ! Je vous aime
- Et je meurs
- Si vous m’êtes ravie.
Zémire
- Pour rassurer mon père
- Et lui rendre la vie,
- Une heure, un moment me suffit.
Azor
- Ah ! Quel est sur moi votre empire.
- Allez le voir, ce père tant aimé
- Cet anneau vous rend libre ;
- En le portant, Zémire,
- Vous n’êtes plus en mon pouvoir
- Si vous voulez me revoir,
- Ôtez-le et, dans l’instant,
- Vous me serez rendue.
- Adieu, Zémire, adieu !
- N’oubliez pas celui qui vous attend.
Acte IV
[modifier]Scène I
[modifier]Air N° 16
Sander
- Quel malheur est le mien.
Ali
- Ah ! Monsieur !
Sander
- Qu’est-ce encore ?
Ali
- Dans 1’air.
Sander
- Et bien, dans l’air ?
Ariette
Ali
- J’en suis encor tremblant
- C’est comme un char volant ;
- Ou bien c’est un nuage.
- Non, non, non,
- C’est comme un char brûlant
- Volant sur un nuage.
- Je l’ai bien vu,
- J’en suis transi,
- J’ai peur qu’il ne descende ici.
- Je l’ai bien vu,
- J’ai peur qu’il ne descende ici
- A l’équipage sont attelés
- Deux beaux serpents ailés.
- De leurs gueutes béantes
- N’ai-je pas vu les dents ?
- Leurs prunelles brûlantes
- Sont deux charbons ardents,
- J’en suis encor tremblant
- C’est comme un char volant ;
- Ou bien c’est un nuage.
- Oui. oui, oui,
- C’est un nuage
- Non, non, non,
- C’est comme un char brûlant
- Volant sur un nuage.
- Je l’ai bien vu,
- J’en suis transi,
- J’ai peur qu’il ne descende ici.
- Ou bien peut-être ce n’est rien ;
- Quand on a peur
- On n’y voit pas si bien !
Scène II
[modifier]Air N° 16 bis
Sander
- Ah ! Ma fille est-ce toi ?
- Est-ce bien toi que je revois ?
Zémire
- C’est Azor, c’est lui qui m’envoie
- Je n’ai qu’un moment ;
- Je l’emploierai, mon père, à vous désabuser.
- Au lieu d’un maitre sévère,
- J’ai trouvé un ami généreux.
Sander
- Malheureuse ! Tu le défends !
Zémire
- Daignez m’entendre et soyez juge :
- J’ai décidé de vous revoir.
- Il l’a permis, il mourra
- Si je l’abandonne
- Et j’en ai le pouvoir.
- En voilà le gage certain :
- De son pouvoir et de sa volonté
- Cet anneau me rend libre.
Sander
- Garde-toi bien de quitter cet anneau !
Zémire
- En offensant ce malheureux qui m’aime
- Que n’ai-je pas à craindre pour vous.
- Laissez-moi, laissez-moi vous sauver !
Air N° 17
Quatuor
Zemire
- Ah ! Je tremble. Quelles armes
- Opposer à son pouvoir.
Sander
- Mes pleurs, mes cris sont les armes
- Que j’oppose à son pouvoir.
Zémire
- Non, vous n’avez plus d’espoir,
- Plus d’espoir que dans mes larmes.
Sander
- La nature au désespoir
- S’expose à tout sans alarmes.
Zémire
- Ah ! Je tremble, Quelles armes
- Opposer à son pouvoir.
Sander
- Mes pleurs, mes cris sont les armes
- Que j’oppose à son pouvoir.
- Je suis pere !
Zémire
- Mon père !
Sander
- Je suis père !
Zémire
- Si jamais je vous fus chère
- Laissez-moi fuir ce séjour.
Sander
- Et ma fille m’est plus chère
- Que la lumière du jour.
Fatmé, Lisbé
- Que ne puis-je, à sa colère,
- Pour vous, m’offrir à son tour.
Sander
- Ma fille m’est plus chère que le jour.
Zémire
- Lui-même en ces lieux, peut-être,
- Va paraître.
- Ah ! Laissez-moi !
Fatmé, Lisbé
- Ah ! Quel effroi !
Sander
- Qu’il paraisse, qu’il paraisse,
- Ma tendresse ne me laisse aucun effroi.
Zémire
- Ma craintive obéissance
- Peut désarmer sa rigueur.
Sander
- J’obtiendrai, par ma constance,
- Qu’il te rende à ma douleur.
Fatmé, Lisbé
- La jeunesse et l’innocence
- Ont bien des droits sur un cœur.
Sander
- Et si ma douleur l’offense
- Qu’il me déchire le cœur !
Zémire
- Ah ! Je tremble. Quelles armes
- Opposer à son pouvoir.
Sander
- Mes pleurs, mes cris sont les armes
- Que j’oppose à son pouvoir.
Fatmé
- Non, vous n’avez plus d’espoir,
- Plus d’espoir que dans nos larmes.
Sander
- Mes pleurs, mes cris sont les armes
- Que j’oppose à son pouvoir.
Zémire
- Ah ! Je tremble je tremble.
- Si jamais je vous fus chère
- Laissez-moi fuir ce séjour.
Scène III
[modifier]Air N° 18
Azor
- Le soleil s’est caché dans l’onde
- Et Zémire ne revient pas.
- J’ai tout perdu, que fais-je au monde ?
- Zémire m’abandonne,
- Elle veut mon trépas.
- Toi Zémire que j’adore,
- Tu m’as donc manqué de foi.
- Et pourquoi vivrais-je encore ?
- Je n’inspire que de l’effroi.
- Le jour est affreux pour moi.
- Ah ! Dans ma douleur extrême
- Si je voulais me verger…
- Qui ? Moi ! punir ce que j’aime !
- C’est un crime d’y songer.
- Toi Zémire que j’adore,
- Tu m’as donc manqué de foi.
Scène IV
[modifier]Air N° 19
Zémire
- Azor, Azor !
- En vain ma voix t’appelle.
- L’écho des bois
- Répond seul à ma voix.
- Revois Zémire, elle est fidèle.
- Elle consent à vivre sous tes lois.
- Hélas, plus que moi-même
- Je sens que je t’aimais.
- Et dans ce moment même,
- Plus que jamais,
- Azor, je t’aime.
Scène V
[modifier]Air N° 19 bis
Azor
- Zémire ; Zémire !
Zémire
- Azor ; est-ce vous ?
- Oh ! ciel, est-ce croyable ?
Azor
- Oui, je suis ce monstre effroyable
- Que malgré sa laideur vous n’avez point trahi.
- Le trône où je remonte
- Est un de vos bienfaits.
- Venez, venez y prendre place.
Zémire
- Quel bonheur, quel prodige
- Et c’est moi qui l’opère.
- Achevez, achevez ; de queue joie suprême
- Vous emplirez mon cœur.
- Achevez, achevez et rendez-moi mon père !
Air N° 20 Ensemble Final
Tous
- Amour, amour, quand ta rigueur
- Met à l’épreuve un jeune cœur,
- A quelles peines tu l’exposes.
- Qui mieux qu’Azor saura jamais
- Quels sont les maux que tu nous causes,
- Quels sont les biens que tu nous fais.
FIN.