Dictionnaire wallon-français (Pirsoul, 1e éd.)/Oïi
Oïi, adv., particule affirmative, contraire de non ; oïi-da, oui-da, oui certainement ; cette expression se dit aussi oïe-da. En gaule, le latin populaire fut parlé par deux races rivales et donna, dans la France, deux idiomes : l’un au nord ou langue d’oïl (oïi), comprenant le français proprement dit (appelé souvent francien), le bourguignon, le champenois, le picard, le lorrain, le wallon, le normand, le breton, le poitevin et le saintongeais ; l’autre au midi, ou langue d’oc, comprenant le gascon, le catalan, le languedocien, le limousin, le provençal proprement dit, le dauphinois, le savoyard et les dialectes de la Suisse romande. Oïl et oc deux expressions provenant de la manière d’exprimer l’adverbe d’affirmation oui ; hocilli donna hoc, puis oc dans le français méridional, et oïl, puis oui dans le nord (h) o (c) il (li), les lettres h, c et la syllabe li ayant disparu dans l’usage. MM. Brachet et Dussouche (grammaire française, cours supérieur) attribuent à oïl une origine un peu différente : « hoc, sous entendu est (c’est cela) avait donné o, l’h tombant comme dans or (hora), avoir (habere).
» Au XIIIe siècle, dire nio, ni non, signifiait : ne dire ni oui, ni non. A l’affirmation o se joignaient les pronoms : o je, o it, etc. Le pronom il, plus fréquemment employé, se souda à l’affirmation, qui devint oïl. Oïl avait pour correspondant nennil (non), devenu en français nenni comme oïl est devenu oui. »
Actuellement, dans les environs de Namur, Dinant, Givet, l’adverbe d’affirmation est nettement oïl, que nous écrivons oïi ou parfois aïl (aïi) qui n’en diffère guère.