Dictionnaire wallon-français (Pirsoul, 1e éd.)/Mârmite
Mârmite, n. f., marmite, vaisseau de métal, à anse, pour laire bouillir les aliments ; le contenu.
Li Mârmite, le premier journal wallon, édité par M. L. Godenne, en 1883. Vers cette époque, Godenne, qui venait de s’établir imprimeur à Namur, éditait un petit journal portant le titre La Réclame, dans les colonnes duquel il eut l’idée de faire passer quelques Couïonades walones (y parurent aussi, de ce temps-là, les premières poésies de Aug. Vierset). Cela fut du goût des Namurois, le tirage du journal s’en ressentit. Godenne, qui depuis longtemps déjà pensait à publier un journal purement wallon, se mit à l’œuvre et fit paraître, le 25 mars 1883, le premier numéro de La Marmite, qui obtint un succès colossal ; on se l’arrachait. Les vendeurs de journaux faisaient résonner les murs de la bonne ville de Namur de leurs cris, accompagnés du tintement de leur sonnette, annonçant aux habitants, comme un grand événement, la naissance du premier journal wallon. Le second numéro fut tiré à 5000 ex., les 3° et 4° à 8000, les 5e et suivants à 15, 000 ex. Le journal fut vendu et crié à Bruxelles, dans tous les coins de la Wallonie, et même à Paris et à Londres. Godenne, pendant la première année de la fondation du journal, n’eût pour collaborateur que Pierre Tasnier (Pierre del Mârmite), originaire de Wavre, doué d’un esprit original et personnifiant le type du vrai bohème, exerçant tous les métiers ; il collabora à un journal de Tourcoing.
La seconde année, Tasnier abandonnait Li Mârmite, laissant Godenne seul à la tâche ; il fut heureusement secondé par quelques correspondants, parmi lesquels nous citerons MM. Am. Gilles et Jos. Désirant. Plus tard vinrent Berthalor, Zéphoris di Boveigne, Grosart, Trompe-la-Mort, Loiseau, X. Bodart, etc., etc.
La collection complète (1883-1902) est excessivement intéressante, mais rare à se procurer ; elle contient les œuvres de tous nos chansonniers et auteurs namurois, et, la plupart de ceux-ci y ont fait leurs premières armes. Li Marmite, qui toujours fut hospitalière, a contribué grandement à l’éclosion de nombreuses œuvres et à la propagation du dialecte namurois.
De 1883 à 1894, le journal fut dirigé par L. Godenne ; de 1895 à 1897, sous la direction de Louis Loiseau ; le journal qui semblait tomber, reprit une vigueur nouvelle et son tirage atteignit presque l’importance de la fondation ; de 1898 à 1900, Nameur po tot, société dramatique et littéraire, prit la direction ; de 1900 à 1902 nouvelle administration. Celle-ci allait tout réformer, varier, renouveler ; mais la direction en revint bientôt à son fondateur, comme près d’une bonne mère, plus vieille de quelques années, pour se faire soigner et remettre sur pied, certaine de trouver en lui quelqu’un qui l’aime, qui aime le wallon.