Odes (Horace, Séguier)/II/4 - À Xanthias de Phocide

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Odes et Épodes et Chants séculaires
Traduction par M. le Comte de Séguier.
A. Quantin (p. 59-60).


IV

À XANTHIAS DE PHOCIDE


Ne rougis point d’aimer ta chambrière,
Ô Xanthias le Phocéen ! Jadis
Le fier Achille adora Briséis,
          Sa blanche prisonnière.


De même Ajax, le fils de Télamon
Chérit la belle et captive Tecmesse.
Dans son triomphe, une vierge en détresse
          Conquit Agamemnon,

Quand le Phtien des barbares cohortes
Fut le vainqueur, et que le noir trépas
Du grand Nestor, enfin, aux Grecs si las
          De Troie ouvrit les portes.

Peux-tu savoir si la blonde Phyllis
N’est pas d’un père à t’illustrer toi-même ?
Certes, elle pleure un ancien diadème
          Et ses dieux pleins d’oublis.

Ne crois donc pas que celle qui t’enflamme
Soit d’un sang vil : fidèle à son amant,
Rebelle au lucre, elle n’a pu vraiment
          Naître de mère infâme.

Je loue à froid ses épaules, son air.
Sa jambe ronde ; épargne-toi la peine
De soupçonner un galant que refrène
          Son quarantième hiver.