Odes (Horace, Séguier)/I/5 - À Pyrrha

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Odes et Épodes et Chants séculaires
Traduction par M. le Comte de Séguier.
A. Quantin (p. 8-9).


V

À PYRRHA


Dis-nous, Pyrrha, quel svelte adolescent,
Tout parfumé de roses, te caresse
Dans une grotte enchanteresse ?
Pour qui, sans art, vas-tu redressant
Tes blonds cheveux ? Ah ! sur ta foi perdue,
Ses dieux changés, souvent qu’il pleurera,
Et que surpris il entendra
Gronder la mer, retentir la nue,
Lui qui, crédule, à présent te voit d’or,
Et, des vents noirs ignorant la colère,

Toujours libre et sage t’espère !
Malheur à ceux que d’emblée encor
Tu séduiras ! Moi, les parois sacrées
De mon naufrage ont l’émouvant tableau :
J’ai mis mon humide manteau
Aux pieds du dieu des hautes marées.