Page:Freud - La Psychopathologie de la vie quotidienne, 1922, trad. Jankélévitch.djvu/89

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et qui confond constamment les mots étrangers. Je voulais dire : en passant. » Nous ne savions pas encore alors quelle était la raison pour laquelle elle avait employé l’expression in flagranti, à la place de en passant. Mais au cours de la même séance, la suite de la conversation commencée la veille a évoqué chez elle le souvenir d’un événement dans lequel il s’agissait principalement de quelqu’un qui a été pris in flagranti (en flagrant délit). Le lapsus dont elle s’était rendue coupable a donc été produit par l’action anticipée de ce souvenir, encore à l’état inconscient.

g) J’analyse une autre malade. A un moment donné, je suis obligé de lui dire que les données de l’analyse me permettent de soupçonner qu’à l’époque dont nous nous occupons elle devait avoir honte de sa famille et reprocher à son père des choses que nous ignorons encore. Elle dit ne pas se souvenir de tout cela, mais considère mes soupçons comme injustifiés. Mais elle ne tarde pas à introduire dans la conversation des observations sur sa famille : « Il faut leur rendre justice : ce sont des gens comme on n’en voit pas beaucoup, ils sont tous avares (sie haben alle Geiz’' ; littéralement : ils ont tous de l’avarice)… je veux dire : ils ont tous de l’esprit (Geist). » Tel était en effet le reproche qu’elle avait refoulé de sa mémoire. Or, il arrive souvent que l’idée qui s’exprime dans le lapsus est précisément celle qu’on veut refouler (cf. le cas de Meringer : « zum Vorschwein gekommen »). La seule différence qui existe entre mon cas et celui de Meringer est que dans ce dernier la personne veut refouler quelque chose dont elle est consciente, tandis que ma malade n’a aucune conscience de ce qui est refoulé ou, peut-on dire encore, qu’elle ignore aussi bien le fait du refoulement que la chose refoulée.

h) Le lapsus suivant peut également être expliqué par un refoulement intentionnel. Je rencontre un jour dans les Dolomites deux dames habillées en touristes. Nous faisons pendant quelque temps route