Page:Freud - La Psychopathologie de la vie quotidienne, 1922, trad. Jankélévitch.djvu/31

From Wikisource
Jump to navigation Jump to search
This page has been proofread.

l’exemple aliquis, au contraire, il n’y a pas trace d’un sujet indépendant et refoulé qui, ayant peu auparavant occupé la pensée consciente, aurait réagi ensuite comme élément perturbateur. Dans ce cas, le trouble de la production vient du sujet lui-même, à la suite d’une contradiction inconsciente qui s’élève contre l’idée-désir exprimée dans le vers cité. Voici quelle serait la genèse de l’oubli du mot aliquis : mon interlocuteur se plaint de ce que la génération actuelle de son peuple ne jouisse pas de tous les droits auxquels elle peut prétendre, et il prédit, comme Didon, qu’une nouvelle génération viendra qui vengera les opprimés d’aujourd’hui. Ce disant, il s’adressait mentalement à la postérité, mais dans le même instant une idée, en contradiction avec son désir, se présenta à son esprit : « Est-il bien vrai que tu désires si vivement avoir une postérité à toi ? Ce n’est pas vrai. Quel serait ton embarras, si tu recevais d’un instant à l’autre, d’une personne que tu connais, la nouvelle t’annonçant l’espoir d’une postérité ! Non, tu ne veux pas de postérité, quelque grande que soit ta soif de vengeance. » Cette contradiction se manifeste, exactement comme dans l’exemple Signorelli, par une association extérieure entre un des éléments de représentation de mon interlocuteur et un des éléments du désir contrarié ; mais cette fois l’association s’effectue d’une façon extrêmement violente et suivant des voies qui paraissent artificielles. Une autre analogie essentielle avec le cas Signorelli consiste dans le fait que la contradiction vient de sources refoulées et est provoquée par des idées qui ne pourraient que détourner l’attention.

Voilà ce que nous avions à dire concernant les différences et les ressemblances internes entre les deux exemples d’oubli de noms. Nous venons de cons-

    au delà du sujet concernant la mort et la sexualité, on finit par se trouver en présence d’une idée qui se rapproche du sujet des fresques d’Orvieto.