Page:Freud - La Psychopathologie de la vie quotidienne, 1922, trad. Jankélévitch.djvu/241

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l’habitude de faire sonner la monnaie qu’ils ont dans leur poche, de tirer sur leurs habits, etc. A toutes ces occupations, qui apparaissent comme des jeux, le traitement psychique découvre un sens et une signification auxquels est refusé un autre mode d’expression. Généralement, la personne intéressée ne se doute ni de ce qu’elle fait, ni des modifications qu’elle fait subir à ses gestes habituels; elle reste sourde et aveugle aux effets produits par ces gestes. Elle n’entend, par exemple, par le bruit qu’elle produit en faisant remuer les pièces de monnaie qu’elle a dans sa poche et elle prend un air étonné et incrédule, lorsqu’on attire son attention sur ce détail. De même, toutes les manipulations que certaines personnes, sans s’en apercevoir, infligent à leurs habits, ont une signification et méritent de retenir l’attention du médecin. Tout changement dans la mise ordinaire, toute négligence, comme, par exemple, un bouton mal ajusté, toute velléité de laisser telle ou telle partie du corps découverte – tout cela signifie quelque chose que le porteur des habits ne veut pas dire directement et dont le plus souvent il ne se doute même pas. L’interprétation de ces petits actes accidentels, ainsi que les preuves à l’appui de cette interprétation, se dégagent chaque fois, avec une certitude suffisante, au cours de la séance, des circonstances dans lesquelles l’acte s’est produit, de la conversation qu’on vient d’avoir avec la personne, ainsi que des idées qui lui viennent à l’esprit, lorsqu’on attire son attention sur le caractère, en apparence seulement accidentel, de l’acte. Étant donné cependant que, dans ce que je viens de dire, j’avais principalement en vue des personnes anormales, je renonce à citer à l’appui de mes affirmations des exemples confirmés par l’analyse; mais si je mentionne toutes ces choses, c’est parce que je suis convaincu que les actes qui nous occupent possèdent chez l’homme normal la même signification que chez les anormaux.